la marche est lente. elle a le temps. partie plus tôt de l'appartement. réveillée plus tôt, aussi, que d'habitude. pour avoir le temps de se détendre. journée qui commence. une petite heure avant de prendre son service. de guider les clients, profiteurs de la maison close des de montmorency. quelques mèches de sa chevelure virevoltent, alors que le gros est attaché. la porte de service se pousse. peu de temps, entre l'appartement et le cabaret. les vestiaires comme direction principale. le manteau délicatement posé dans l'un des casiers. le sac toujours en main. quelques sourires adressés aux salariés, alors qu'elle arpente les lieux. quelques discussions, aussi. moment de convivialité. fille du directeur, certes, mais une très bonne entente avec les salariés. elle les apprécie, séléné. certains plus que d'autres. certains qu'elle ne peut voir en peinture. tout ceci reste dans le cadre du travail. rien d'autre. quelques amitiés. mais pas énormément. le regard tourné vers la salle. les pensées dirigées vers le besoin d'être seule. le sac sous le bras, prend une autre direction. celle des bureaux. réservés à la famille. bien que les employés peuvent y accéder. endroit où ils ne vont que rarement, cependant. lieux parfaits pour être seule. les talons claquent sur les marches de l'escaliers. le soupir, alors qu'elle arrive devant la salle de pose.

« séléné ? » elle sursaute, la gamine. la main sur le coeur. ne s'attendait pas à voir quelqu'un. « tu m'as fait peur. » elle reprend son souffle. remets en place une mèche de ses cheveux. visiblement, sa présence n'était point attendue. les secondes passent. elle prend le temps de se calmer. le regard tourné vers son paternel. « je me suis dit que j'allais m'installer ici, avant de commencer le boulot. ça ne te dérange pas ? » coin paisible, dans cette salle de pose. peu d'employés viennent ici. gamine qui vient souvent se distraire. observer les passants depuis la fenêtre. moment de répit avant la débâcle du travail. les prunelles posées sur le paternel. quelque chose cloche. les sourcils légèrement froncés. elle allait prendre la parole. mais hermès la devance. proposition de café. rien d'étrange en soi. mais l'allure du paternel semble cacher quelque chose. cependant, comment refuser un café ? « oui, avec plaisir. j'ai encore une bonne heure avant de commencer le travail » le sourire se dessine sur les lèvres. le regard tourné vers les objets. comme animés. magie dont elle ne pourra jamais se lasser. les tasses se remplissent du liquide chaud. au moins, la soirée ne commence pas avec une boisson alcoolisée. le paternel reprend la parole. lui demande si elle peut venir. étrange. très étrange. méfiante, la gamine. les questions se posent dans son esprit. quelques secondes de silence. elle tente de trouver ce qu'il se passe. aucune idée, vraiment, des paroles qu'il pourrait prononcer. « oui, si tu veux. tout va bien ? » question à peine posée, que son père disparaît. tasse en main, elle suit le même chemin. porte fermée sur son passage. pour plus d'intimité. visiblement, ils en auront besoin. elle s'installe, la gamine, sur l'un des fauteuils. nerveuse, à l'idée d'entendre ce que son père pourrait lui dire. il semble hésiter. comme si les mots ne voulaient pas sortir.

« je me suis fiancé » bombe lâchée. nouvelle inattendue. très inattendue. loin d'imaginer ce scénario, séléné. tout, sauf ça. le regard fixé sur le paternel. incapable de répondre. les minutes passent. le silence s'installe. pourquoi ? question débile. comme si elle ne le savait pas. l'obligation du gouvernement. lui, aussi, ne peut y échapper. enfin, la gosse prend la parole. « comment ça fiancé ? » comme si elle avait besoin de l'entendre, encore une fois. comme si elle n'avait pas entendu. prise de conscience, en réalité? connaissance des nouvelles lois. elle savait que ça arriverait un jour. mais c'est trop tôt. beaucoup trop tôt. incapable de laisser entrer une autre femme dans sa vie. deuil de la génitrice jamais totalement accompli. « qui est-elle ? » colère non dissimulée. pas par rapport au futur mariage. non. obligation de tous de trouver époux ou épouse. colère du remplacement de la génitrice. de voir le paternel aux côtés d'une autre femme. elle ne peut le supporter, séléné. complètement incapable de même y penser. femme qui va remplacer sa mère aux yeux du monde. comme si, diana, elle n'a jamais existé. pensées qui l'obsède, en cet instant. mais choix qui ne s'impose pas à elle. l'obligation de tolérer la présence future de l'inconnue dans sa vie. dans leurs vies. aucun mot à dire. ce n'est en rien sa décision. et ses paroles ne changeraient rien, de toute façon.