Les esprits s'échauffent et se galvanisent dans l'attente du lancement de la Marche. Bourdon constant des êtres en manque d'autres. Les familles se réunissent et les proches se rassemblent. Car si leurs mains ne se sont pas fourvoyées dans les méandres obscures d'une magie terrible, c'est sur le pavé de Londres que la sorcellerie des mots et des voix résonnera. Leurs voix. Pour ces âmes arrachées, pour ces amis fourvoyés, pour ces vies détruites au nom d'une Loi Famille qui grince et qui crisse. Alors bientôt, les genoux se délieront et les notes de réclamation, les doléances du cœur, tout s'élancera sur le Chemin de Traverse pour aller chercher le Ministère au plus proche de ses frontières. Pour lui imposer de la plus pacifique des manière, un peu d'humanité, un peu de compréhension. Juste assez pour les récupérer.

Arrachons les clés des verrous de la colère

Dix-huit heures sonne et résonne au loin. Glas attendu qui traverse toute la ville pour signaler le lancement des festivités.  La foule s'est faite admirable de nombre et de cohésion. Les pas sont d'abord désorganisés, cherchant la tête de file, se hiérarchisant en un défilé protestataire et revendicateur. Les places de tout un chacun restent plus ou moins erratiques, se rapprochant des uns, s'éloignant des autres, s'attardant sur les rebords de la chaîne humaine ou prenant le tête de cette créature inédite.

Carnivore de justice. Dévoreur scélérat des iniquités.

Il y a des banderoles qui se dévoilent, des slogans qui s'articulent et marmonnent avant de se faire plus bruyants, plus assumés, parfois criés. Car pour attirer l'attention des iris de l'injustice, ne faut-il pas tout simplement s'époumoner d'indignité ? A en percer la vision d'un Gouvernement qui s'est bouché les oreilles trop longtemps. Le Chemin de Traverse se manifeste sous toutes ses formes, sous toute son Histoire. Là, Pirouette et Badin en réparation, chantier laissé libre pour la nuit qui se profile. Ici, Ollivander dont la devanture pue encore le bois brûlé et la mort assenée. Ce n'est qu'en arrivant aux abords du Jardin de la Chouette qu'une curieuse mélodie se met à résonner. Semblable aux rythmes usés d'une vieille boite à musique, impossible de savoir précisément d'où s'échappe le son. Mais après tout...rien de bien curieux pour un Jardin magique, n'est-ce pas ?

Un hymne à la liberté, très certainement.

C'est à une jeune femme que ta question s'adresse et quand ses yeux clairs se posent sur ta carne usée, tu devines aisément qu'elle aurait préféré ne pas te parler. Ses cheveux blonds dégringolant le long de son visage juvénile ne faisant qu'accentuer le froncement de ses sourcils marqués, tu attends bien sagement qu'elle daigne t'offrir une réponse. Ou le silence. Car tu te contenterais bien aussi d'un silence appuyé. Puisqu'ainsi rassemblés, ce n'est pas par charité que vos pas se devaient de résonner, mais par fureur et dividendes clamés. Pas là pour s'faire des potes. Des alliés, tout au plus. Et encore. - Achète toi une montre, grand-père. - qu'elle répond, la grande enfant charbonnée de toute part, et c'est sa voix paradoxale qui t'arrache un sourire un peu trop honnête. Ah. Oui. La jeunesse. Discours de vieux cons, mais tu n'en retires aucun jugement et aucun mécontentement. Bien au contraire, si toi tu n'as jamais su répondre sans politesse dans ta jeunesse, ce sont les âmes contestataires comme celles de la jeune sorcière qui ont su faire cesser trop d'conneries. Alors tu ris doucement, un rictus s'immiscent sur les commissures droites de ta bouche barbue. - Assurément, j'y veillerais. - et tu n'accordes pas plus d'attention à la jeune fille puisque tes pas se délient pour rejoindre la tête de peloton. Ca va commencer, et hors de question que tu te noies dans une foule. Ta place est devant, peut-être pour la première fois de ta vie, Mythal Prewett.

Tu rejoins les côtés d'une femme à la peau contrastant tes propres pores (@Nesta Zabini) et tu lui accordes un hochement de tête entendu. Elle respire l'autorité là où tu pues la sécurité. Et si tu la dépasses d'une bonne tête, elle semble tout aussi grande que toi, la protestatrice. La corne résonne bien vite et les pas de la créature à trop de têtes se met en marche. Yeux et pattes avant d'un mille patte géant, tu laisses trainer ton regard droit devant, sur les côtés également. Instinct d'auror, tu tiens à ce que tout se passe convenablement. Quand un jeune homme à la chevelure reconnaissable (@Cosmos Delacour) s'approche de votre duo impromptu tu tends l'oreille sans discrétion. Il énonce Zabini, mentionne les artistes et tu relis assez rapidement les quelques informations pour comprendre l'identité de ton acolyte. Zabini et le Freakshow. Ainsi même les saltimbanques c'étaient vu atrophiés de membres d'ordinaire invisibles à la société. Quelle merde.

Continuant de marcher, tu remarques les banderoles et les quelques clameurs s'élevant de part et d'autres. Aux fenêtres, de multiples paires d'yeux se mettent en exergues et les sorciers que vous croisez arborent des expressions tout aussi variées. Il y a ceux qui comprennent. Ceux qui hochent la tête. Ceux qui la baissent. Ceux qui se fondent dans le cortège et ceux qui crachent. Sur le pavé. Sur vos chaussures. Sur vos mots conquérants. Véritable phare d'observation, ton regard perçant bien qu'un peu fatigué brasse la foule et très vite quelque chose te saute aux yeux. Quelque chose, plutôt quelques uns, t'accrochent à la rétine comme deux tâches vermoulus sur une tapisserie claire. Il y a ces deux silhouettes qui marchent mais qui trainent. Et leur attitude t'interpelle, te questionne. Deux pantins dont le regard ne déroge pas, dont les pas ne se désordonnent pas. Là, mais pas là. Non. Ce n'est pas normal, ça. Alors tu te retournes vers Zabini et lui adresse à voix modérée - Il y a deux sorciers au milieu de la marche, je pense qu'ils sont sous imperio. Rappelez vos artistes. - et quand tu te redresses, une mélodie étrange se met à résonner tout autour de vous. Boîte à musique grinçante, tu le sais désormais : vous ne marcherez pas en paix. Mais incapable de laisser la catastrophe inconnue s'opérer sans agir, tu rebrousses chemin et te fraies un passage parmi la foule qui te regarde avec surprise. Très rapidement, tu retrouves la jeune fille (@Pandore de Montmorency) et les sorciers rassemblés autour d'elle. - Avancez, rejoignez la tête, ou trouvez la fin de la marche. Ne restez pas au milieu - car c'est à quelques pas de là que ton regard se pose à nouveau sur le duo suspect. Il faut éloigner les gens et isoler les suspects. Tu ne sais pas ce qu'il en est, mais les années de traque t'ont appris qu'on n'est jamais trop prudent. Et cette mélodie qui ne s'arrête pas...

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PS : Je ne savais pas trop quel De Montmorency était avec Pandore, donc je laisse  à  @Hermès de Montmorency ,  @Hadès De Montmorency et  @Séléné de Montmorency le loisir d'être assez proche pour entendre Mythal ou trop loin pour être concerné       

Le regard focus vers l'avant, vers l'avenir, vers elle. Concentré, cigarette entre les lippes crispées, col de veste remonté l'home se fait discret, anonyme. Son allure n'empêche pas malgré tout sa nièce de se frayer un chemin jusqu'à lui et l'interroger sur la situation. Grognement dans la gorge, il pose à peine le regard sur elle bien décider à ne pas perdre son objectif de vue... « Mh... Tu n'devrai pas rester dans l'coin Séléné. Ça va êtr' dangereux. » Se contente-t-il de lui répondre sans en démordre. La repoussant d'un revers de main, il lui accorde un regard sombre lui qui pourrait s'inquiéter pour elle, ce qu'il se refuse. Un regard qui l'intime de s'éloigner, qui l'intime de ne pas jouer les héros. Car il n'est pas là pour ça, pour se soucier de ceux qui l'entourent. Il sait qu'Hermès n'est pas loin pourtant, mais lui c'est un grand garçon qui devrait apprendre à garder un œil sur sa progéniture...

Dix huit heures sonne le glas de la marche. Cigarette projetée au sol, mains qui plongent dans les poches, il s'engage au milieu de la foule. La marche avance, lentement, sûrement. Au milieu de tout, de tout le monde, Hadès observe les corps qui se meuvent, les enthousiastes, les colériques, les concentrés. Les profils s'organisent autant qu'ils s'éparpillent mais dans ce brouhaha incessant, ces étincelles qui volent, qui flottent, Hadès devine deux silhouettes à l'allure étrange. Démarche robotique, rien ne semble naturels chez ceux là. Sous le coup d'un sort ? Cela n'est pas improbable... Il a été mangemorts, il a déjà pratiqué ce genre de sortilèges sur ses victimes. Il sent, il sait.

Mélodie désagréable, qui tinte dans les oreilles, déconcentre passablement le sorcier qui devient nerveux. Dans la poche la main agrippe le morceau de bois. Phalanges crispées, l'imprévisible français s’arrache les lippes avec les crocs. L'envie le prends, celle de brandir sa baguette et de viser ces corps étranges, impassible, fantomatiques. Un désir féroce qui lui accroche les tripes et l'homme déjà sort la baguette de sa poche. Même s'il est dans l'erreur Hadès est emporté par la fièvre d'agir... Alors entre les lèvres le chuchotement, le maléfice se fait discret en direction des deux âmes : « Locomotor Mortis » Baguette pointée dans le but de les bloquer.

Hadès a écrit:Hadès éconduit sa nièce @Séléné De Montmorency et plonge au coeur de la foule. Il remarque les deux individus suspects et leur lance un simple sortilège de bloque jambes.

Il rit. Oh putain, le con (@Mythal Prewett), il se marre. Non mais il a pas compris que j’avais juste pas envie de voir sa sale tronche à celui-là ? Franchement, aborder une fille de la moitié – du quart, même, non ? Voire même du dixième, il a quoi, cent piges Merlin ? – avec la fameuse technique de lourdingue qui espère avoir l’heure… Il a cru quoi, lui ? Sortant mon matériel à rouler de ma poche, je le laisse me répondre rapidement, profitant de la capuche pour grimacer avant de sentir sa présence disparaître. Bordel, mais ils comprennent pas, les gens, quand on est fringués comme un pouilleux et maquillé comme un clochard que c’est l’équivalent d’un panneau Ne pas déranger ?

Soupirant, je laisse la substance verte, s’embraser à mesure que je l’inhale. Marie Jeanne a le don de me détendre, de me faire le plus grand bien et là, c’est plus du bien qu’il me faut, c’est un défouloir. Elle est là, la colère. Doucement enfouie sous cette agressivité injustifiée, le simple souvenir de Karma miaulant, espérant retrouver sa maîtresse chaque fois que j’ouvre la porte me donne envie de tout péter dans mon loft. Ça, mon père. Mes oncles. Tous. Mon putain de nom que j’ai envie de raturer sur mes papiers sans qu’il n’y ait d’effet puisque, ouai, on change pas de nom avec un putain de marqueur, il paraît.

On avance. Dans la foule emportée, je ne réalise pas même que je me trouve au centre de la vaguer – Et pourtant, les vagues, ça me connaît. On piétine. Putain, j’ai envie de les secouer les vieux, là, qui semblent tous soumis. Eh ! Bande de nouilles ! Pour vous foutre sur la gueule pour des histoires de pureté de sang, il y a du monde… Pour élever la voix quand on vous fout des chaînes pour la vie en invoquant la pérennisation de l’espèce, vous instrumentalisant pour vos organes génitaux… Vous êtes où ?! Ça marmonne, doucement, dans la foule. Certains tentent quelques paroles lancées, espérant peut-être pas se faire repérer. Bordel, mais il faut secouer un peu les esprits là… Tirant une dernière latte sur le joint, j’enfouis ma mine sous mon bandana, dissimulant la moitié de mon visage, l’autre étant déjà bien barbouillée de fard noir. « ON VOUS LAISSERA PAS CREVER DES INNOCENTS ! A MORT LES TYRANS ! » Faut mettre de l’huile sur un feu qui ne demande qu’à s’embraser. Il faut réveiller les consciences, les pousser à se faire entendre. D’autres osent, ça et là alors que les regards se posent sur moi. Je leur réponds par des rafales de braises.

On avance, encore et toujours, quand des choses se passent autour de moi. J’comprends pas. J’comprends rien, mais ça se remue. On semble vouloir fustiger deux individus… Et revoilà Merlin l’enchanteur, Papy le résistant (@Mythal Prewett) qui revient à la charge. Bordel, il s’arrête jamais, lui ? Ne restez pas au milieu. « Sérieux ? Et t’es qui, mon père ? Le Roi d’Angleterre ? Fous nous la paix, merde ! L’ire grandit, la colère croît. J’ai l’impression que je vais exploser à l’instant même où mes pensées se troubles, se mélangent…

Où suis-je ?

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PS : Pandore n'est entourée par aucun des Montmorency, Mythal. Elle est justement là incognito et bien esseulée... D'ailleurs, si c'était pas assez clair... C'est plus vraiment Pandore qui est là, à la toute fin...  

Les notes de musique poussiéreuse enveloppent le pavé, les branchages et les tympans des sorciers présents. Ritournelle archaïque dont la source semble être partout et nulle part. En déceler l'origine reviendrait à trouver lae point de départ du temps qui passe et qui impose un soleil couchant sur la ruelle empruntée par la marche. Rayons chauds  caressant chaque crâne embourbé dans ses requiem d'appel et d'indignation.

Chantons la justice et Clamons la liberté
Puisque n'avaient-ils pas déjà tous survécus à bien pire que la chute supposée des naissances sorcières ? Etudes dont les chiffres n'avaient jamais été publiés, jamais partagés. On leur avait demandé de croire deux anciens ennemis comme s'ils avaient toujours été dotés de dons de vérité absolue. Mais les esprits se sont échauffés quand on a dévoré les quotidiens bancals. Quand les Détraqueurs ont quittés le rocher abyssale. Quand les alliés trouvés ont revêtus la couronne d'ennemis du peuple. Alors la foule clame et certains hurlent bien fort. Trop fort pour remarquer les changements dans la foule. Trop pour apercevoir les circassiens retrouver la tête de marche. Trop fort pour écouter l'auror. Trop fort pour remarquer que deux silhouettes s'écroulent sous le sort d'un semi-fils de la lune.  Tonitruantes, les voix, quand la marche pose ses pieds en colère sur le parvis de la place du Ministère. Grande place pavée de clarté, accolée aux jardins et aux habitations en rénovation dont le luxe pullule des fenêtres et des encadrements de porte. Les gardes du bâtiment gouvernemental froncent sourcils face à la foule. Avertissement des yeux et des mains qui se posent près des étuis à baguette. Pas un pas de plus. Qu'ils gueulent et qu'ils crient mais qu'ils restent bien à leur place, ce ramassis de petites gens trop bêtes pour penser au-delà de leurs vies.

Mais la musique s'arrête. Avant-dernière note cavalant lentement le long des écorces et de la pierre incrustée au sol. Et personne ne pourra prétendre avoir entendu la dernière instance mélodique. Car quand elle s'abat, la conclusion sonore, c'est d'un tout autre vacarme que se ronge les rayons du soleil couchant. Souffle chaotique, brûlant. Un des piliers du Ministère part en morceau, anéantissant la silhouette du sorcier posté à côté. Et un autre s'écroule, projetant pierres et morceaux de marbre sur toute la place, décapitant le garde à son poste. Premiers cris de stupeur.

Chantons le feu et Clamons la ruine
Se rassemblant sous l'assaut de surprise et de terreur, la marche recule et se dévie du Ministère. Piège sciemment calculé quand à droite, à gauche, ce sont trois maisons en rénovations qui s'enflamment après l'inspiration préventive des trois explosions simultanées. Ca cris. Ca hurle. Ca court. Ca se disperse et ça se traine par terre. Car les vitres explosent, que les structures s'éventrent, que la pierre arrache et cogne sous l'intensité des déflagrations. Mais la fourmilière peut encore s'époumoner et détaler car, immobilisés, une dernière note résonne entre les côtes des deux sorciers bloqués. Quand leurs corps se désagrègent à leur tour, c'est un déchaînement de chair et de vêtements qui se projettent de part et d'autre, soufflant chaque sorcier à moins de trois mètres d'eux. Dominos dégringolant dont les hurlements ont changés de ton, de cible...Il n'y a plus de musique. Il n'y a plus de marche infaillible. Il n'y a que les débris, les oreilles sifflantes, les jambes tranchées, l'incompréhension comme métronome de la marche décapitée.

Chantons la peur et Clamons le chaos

Où suis-je ? Merde, Pandore… Mais qu’est-ce que tu as encore foutu ? Les pupilles d’émeraude oscillent cherchent un point de repère, un visage connu. Mais non, rien. Rien de rien. Je reconnais à peine ce lieu que je n’avais, jusqu’alors, que vu en photographies. Le Ministère de la Magie britannique se tient devant moi et j’ai beau essayer de comprendre comment et quand tout ça s’est passé, l’esprit brouillon de ma jumelle ne le permet pas. La colère. L’ire ténébreuse qui pousse en elle me dévore également, me jette en pâture à sa réalité sans même en avoir conscience. J’ai beau lui hurler, lui crier que je suis là, Pandore reste silencieuse, sourde à mon désespoir. Je n’ai pas envie d’être là.

La foule se masse autour de moi et je perçois le regard d’un homme qui semble… Désabusé ? Était-elle en train de lui parler ? Mon regard se fait vide, incapable de comprendre, alors que je lui sers un sourire contrit. Les cris s’élèvent autour de moi, revendications certaines de tout ce qui se passait actuellement. Mais pourquoi on était là ? Pourquoi diable on se retrouvait ici ? Je n’eux pas réellement le temps d’obtenir des réponses que le chaos se déchaîna.

Le bruit fut assourdissant. Terrifiant. Mes yeux s’écarquillèrent alors que je revivais ce jour terrible de 1988. Il n’y avait pas de sortilèges qui fusaient, simplement le vacarme des pierres que l’on brise, envoyant valser les débris dans la foule. Un court instant, mon esprit complexe me souffla que j’avais bien de la chance, de ne pas être à l’avant de cette foutue parade. Seulement, la foule se resserre, se presse, avant de mieux chercher une homogénéité dans son mouvement. Les gens hurlent, les gens courent dans l’apocalypse de ce monde qui s’effondre. Serrant les dents, perdue au milieu de ce bordel, je cherchais à m’écarter, l’instinct de fuite reprenant le dessus, comme ce jour-là. Mais l’environnement tout entier s’effondre. Les demeures qui cernaient la rue volent à leur tour en éclat, frappant dans la rage, dans la mort. Des corps tombent, les cris de ceux qui n’ont pas la chance d’être achevés sur le coup se faisant terriblement entendre. Le sang, partout, semble vouloir recouvrir ce qui reste des survivants qui détalent alors comme des lapins, choisissant les rues annexes pour mieux ouvrir la foule, tel Moïse face à sa mer rouge. Incapable de comprendre, complétement déboussolée, je regarde autour de moi avant de recroiser le regard de cet homme. Cet homme qui me fixe et qui, sans que je le comprenne se rue vers moi. Je cille, j’oscille dans un mouvement de recul. Et alors qu’il arrive à mon niveau, l’explosion, à nouveau. Derrière lui, là, au cœur de cette foule. Le souffle le jette sur moi, nous jette à terre sur le sol dur, sol couvert de débris et de corps. Ma tête le frappe avec violence et je sens mon corps se briser. La douleur est là. La douleur, comme ce jour-là. Pandore va nous tuer. Pandore va me tuer, une seconde fois. Mais je ne veux pas revivre ça. Fermant les paupières, je m’efface à nouveau, disparaissant pour mieux mourir sans en éprouver la sensation.


J’inspire. Bordel. Quelle idée de merde. Un cri m’échappe, glapissement douloureux tandis que j’ai le sentiment de ne plus être capable de mettre de l’air dans mes poumons. Je tousse, le goût du fer venant se glisser dans ma bouche tandis que le filet d’hémoglobine commence à couler le long de ma bouche. Et merde. Je connaissais un demi géant qui allait m’étrangler s’il apprenait que j’avais encore autant merdé. Je tente de me relever mais la douleur de mon crâne me laisse à terre. Fronçant les sourcils, je gémis comme la merde que je suis. Bordel, mais il s’est passé quoi, là ? Je laisse mes yeux tenter de s’accrocher sur le décor. Je n’entends quasi rien, réalisant le sifflement qui résonne dans mes oreilles. Un poids écrase mon corps, me forçant à bouger un de mes bras pour mieux découvrir… Euh, merde, c’est des cheveux ça. Une tête ?! Tournant le regard, je vois le visage de papy Merlin. Il est dans un sale état. Gémissant à nouveau, cherchant à gigoter pour mieux m’extraire de sous lui, je perçois le sang, l’aspect écœurant de ce qui semblait être son dos. « Eh… Papy… Faut pas… Dormir… » Et c’est moi qui dit ça. Toussant à nouveau, je sens la fulgurante douleur parcourir mon flanc droit, gémissant à nouveau, laissant ma tête reposer au sol. Ma tête qui tourne. Ma tête qui semble vouloir imploser. Et peu à peu, je sombre dans la demi conscience.