Ulixes revenait de son rendez-vous trois fois hebdomadaire à Ste Mangouste. C’était encore en pleine après-midi. Cela c’était bien passé. Enfin, bien par rapport à d’habitude où raconter sa vie alors qu’il ne faisait rien de ses journées le stressait plus qu’autre chose. Enfin, rien qu’il puisse avouer. Ulixes faisait plein de choses, mais des choses qu’il n’était pas tout à fait autorisé à faire. Notamment de la magie. Avant de prendre les médicaments qui comme effet secondaire le rendaient incapable de lancer le moindre sort, ou sous l’effet des drogues, il pratiquait cet art qui le distinguait des moldus et qui pourtant lui était interdit. Officiellement, sa baguette était confisquée par sa psychomage. Mais, il ne mit pas longtemps à la récupéré une fois libérée. Il vola celle d’un pauvre sorcier lambda et l’échangea. C’était quelque naïf d’espérer garder Ulixes sous contrôle.
Doloris était le premier sort qu’il tenta, sur les insectes de l’appartement, comme il en avait eu si souvent l’habitude à Poudlard. Les insectes faisaient de bon cobayes silencieux.
S’en était suivit les sorts basiques pour le ménage, quelques sorts de transmutation. Peu à peu, il récupérait sa naturalité avec sa baguette après trois ans où on l’avait empêché de l’empoigner.
Le rendez-vous c’était bien passé puisqu’il en était sorti sans ressentir l’envie pressante de ce mutiler comme c’était souvent le cas. D’habitude, il filait droit chez lui, pour assouvir ce besoin. Pas aujourd’hui. Le soleil était au rendez-vous, une petite brise l’aidait à supporter son t-shirt en manches longues, officiellement pour cacher ses anciennes cicatrices aux passants un peu trop curieux. Il se gardait bien de préciser que les nouvelles aussi. Il flâna un peu. S’aventura un peu plus loin que le quartier entre Ste Mangouste et le Chemin de Traverse, profita des parcs parmi les moldus qui ne le reconnaissaient pas et se fit attaquer par des pigeons qui lui réclamaient du pain qu’il n’avait pas non plus. S’il en avait eu il l’aurait mangé plutôt que le donner à ces volatiles inutiles. Ce qu’il aurait donné pour avoir pris sa baguette et pratiquer de la métamorphose sur ces bestioles.
Il s’enfuit avant de devenir le déjeuner des pingeons affamés. Il se réfugia dans un café. Goûta à la vie paisible et normale des moldus et découvrit un panneau « Free kittens ». Des chatons. Mais c’était parfait. Il était fréquent à Poudlard de pratiquer la métamorphose sur des chats et autre petits animaux, rongeurs ou oiseaux. Mais les chats, il avait toujours obtenu de grands résultats à transformer les chats.
Il avala le reste de son café aussi vite que la température brûlante de celui-ci lui permit et se précipita vers les chatons laissés dans une simple boîte en carton. « Hello, you ! »
Trois chatons, un noir, un blanc et un roux tigré miaulèrent et s’agitèrent. « Vous ferez de parfaits verre à pieds. Même Callidora n'y verra que du feu! » fit-il conquit par ces petites créatures. Il balança le panneau dans la ruelle sans délicatesse et emporta la caisse. Les chatons tombèrent comme des mouches quand il releva la boîte, déséquilibrés. Il trouvait ça amusant. Il secoua doucement la boîte de temps en temps pour continuer à les faire tomber les uns sur les autres. Il riait en les voyant rouler et miauler. Il ne leur faisait pas du mal. Mais embêter sans cesse des petits animaux n’était pas forcément très acceptable moralement. Peut-être quelque peu cruel sur les bords. Il rentra sur le chemin de Traverse.
Un des chaton accrocha sa papatte au fond de la boîte où les rabats se rejoignaient. Ce fut le catastrophe, l’accident permanant. Le chaton miaulait, les deux autres qui se cognaient contre leur frère d’infortune aussi. « Stop stop. Mais arrêtez de vous plaindre. » Finalement les chatons c’était chiant. Leur cri aigüe lui cassait les oreilles et il n’était même pas arrivé chez lui. Il appuya le carton contre un mur pour choper la patte qui s’était coincé et tenter de la déloger. Le chatons pleurnicha. « Mais comment t’a fait ? » il essayait de regarder le bas du carton pour comprendre comment était placée la patte. Soulevés et rabaissés sans ménagement, les chatons prirent peur et miaulaient à mort. Pourtant, il était de bonne volonté cette fois-ci. Il appuya à nouveau la boîte contre le mur, la tenant à l’aide de son ventre et de son genou, en équilibre tout relatif. Il prit le chaton et tenta par dessous de bouger la patte en même temps que le chaton. Les deux autres curieux grimpant sur son bras, dans une claire volonté de s’échapper. « Eh eh, non, toi, reste là. Et toi aussi ! » Les rattrapant constamment et les déposant à nouveau au fond. Il ne semblait pas vraiment s’en sortir mieux avec les chats qu'avec les pigeons.
La patte se décoinça, mais soudainement, le carton glissa. Heureusement il ne se renversa pas. Il resta une seconde interloqué, le chaton en main qui léchait ses doigts. « Oh merde » fit-il s’accroupissant pour voir si les deux autres étaient encore vivants. Il n’avait pas eu l’intention de ce dernier saut dans le vide à l’arrêt brutal contre le sol. La réputation qu’il s’était gagné en éventrant le chat de la famille aiguillerait les passants vers une mauvaise piste assurément. En relevant les rabats, les deux chatons semblaient quand même quelque peu secoués.

Ulixes eut à peine le temps de s’assurer que les chatons étaient vivant, secoués, mais vivants, qu’une ombre s’approcha à la vitesse de l’éclair et s’empara du carton, coudoyant légèrement avec lui par la même occasion. Il fut sincèrement choqué des manières des sorciers. C’était du vol. Ce ne lui était jamais arrivé. Les choses ne se passaient pas du tout ainsi sous le règne du seigneur des ténèbres. Les sorciers filaient droit, à part ces cons de l’Ordre évidemment. Il faut des trouble-fêtes partout. Mais majoritairement, ils se tenaient à carreaux. Que faisait donc le Ministère, si empressé de voir la population anglaise faire des bébés. Où étaient donc passées les bonnes manières ! Allaient-ils produire une génération de sagouins ? C’était ça le plan ? Il ouvrit les bras dans un signe d’incompréhension. Mais la jeune femme, parce qu’en plus c’était une femme, n’avait d’yeux que pour les boules de poils qu’elle avait elle aussi, en passant, secoué en lui prenant le carton. Il le va les yeux au ciel. Ou plutôt regarda sur le côté et haussa les épaules en soupirant, tentant de prendre son mal en patience. Trois chatons de rien du tout semblaient soudainement être plus importants que l’homme qu’elle avait presque  bousculé. Bien sûr même pas une excuse… Y’a des doloris qui se perdent, sérieusement, pensa-t-il très fort.
Il la vit prendre un chaton dans chaque main, le blanc était resté dans la boîte faute de bras. Elle semblait enfin se rappeler qu’il y avait quelqu’un puisqu’elle commença à lui diriger la parole. Il fronça le front ne comprenant pas vraiment où allait la phrase. Combien de temps que quoi ? Elle s’était arrêté sur le vous. Qu’elle répéta d’ailleurs. Uh.
Sooraj, son voisin, la plupart des gens qu’il croisait entre Ste Mangouste et chez lui, sur le chemin de Traverse, tout le monde semblait le reconnaître. Sauf qu’il ne les connaissait pas, lui, à eux. Il n’avait reconnu que la petite Trelawney dans sa roulote à la fête foraine. Pour le reste, ce n’étaient que des inconnus à ses yeux. Et c’était vraiment gavant que tout le monde se permette de le dévisager de la sorte. Une célébrité qu’il n’avait jamais souhaité dont Callidora pourrait presque en être jalouse. Il portait encore les stigmates de son passé. Bien qu’il ne le reniait pas, loin de là, et qu’il ne regrettait rien, il n’en faisait pas non plus une exhibition. Il voulait juste vivre sa vie pépère. Pour le reste du temps de liberté qu’il lui restait.
Ce qu’il n’arrivait pas à comprendre, c’est que son visage était tellement lié dans l’inconscient collectif aux atrocités qu’il avait commises, que sa seule présence était déjà une manifestation de ce passé. Mais, même s’il l’avait compris, on ne lui avait pas donné les outils pour faire face à cette notoriété. Sa sœur avait eu le temps de s’y habituer peu à peu. Il était soudainement catapulté dans la vraie vie après une parenthèse de trois ans, qui ne constituaient rien d’autre qu’un blanc dans le fil de sa vie. Il n’avait jamais eu connaissance de ce qu’ils semblaient tous connaître. Les déclarations que Callidora évoqua, quoi qui avait pu être dit sur lui publiquement, personne ne lui avait filé les journaux pour le mettre au courant, ni à l’époque, ni à présent. Il ne se souvenait même pas de son arrestation. Il s’était juste réveillé un jour dans une cellule d’Azkaban, entouré de mort et désespoir. Le temps s’était arrêté pour lui en quatre-vingt-cinq. Il ne faisait que s’écouler à nouveau depuis un peu plus d’un mois. Cinq ans qu’il ne pourra jamais rebâtir. Cinq ans qui avaient existé pour les autres.
Le décalage qu’il ressentait le frustrait. Au final, il ne voulait qu’une chose, qu’on lui foute la paix. D’une bonne fois pour toutes. Et il n’obtenait jamais cela.
Olivia eut beaucoup de chance. Elle le trouvait dans un excellent jour. Le rendez-vous avec sa psychomage s’était bien passé, il avait pris un café dans un établissement moldu sans que personne ne le reconnaisse, il avait trouvé ses prochains cobayes. Pour une fois tout allait pour le mieux, jusqu’à ce qu’elle croise son chemin. Mais, du coup, il était particulièrement de bonne humeur. Il ne se fâcha pas, ou du moins pas tout de suite. Il tenta une ruse. « Vous aussi, ici ?! » -fit-il avec sa voix grave, surpris, comme s’il la connaissait. Il n’avait jamais vu cette fille de sa vie, et s’il l’avait croisée, il ne s’en souvenait pas du tout. Cependant, il se dit que si elle le reconnaissait, c’est qu’elle devait avoir eu vent de ses crimes, peut-être même de la tentative de décoration du manoir de ses parents avec les boyaux du chat familial, dont il n’avait par ailleurs aucun souvenir. Il pourrait certainement tirer profit de sa réputation et l’effrayer, ce qui lui serait certainement en tout point profitable. Elle ne manquerait plus de le bousculer au moins.
Il chercha pas à savoir si cela marchait, aussitôt il s’approcha, menaçant peut-être, et lui prit le carton qu’il tira vers lui, à même le sol. Puis pris les deux chatons qu’elle avait dans les mains. « Rendez-moi ça. C’est à moi. » fit-il alors qu’il prenait les deux petites boules de poils avec un certain soin, malgré tout. Il ne voulait pas les écraser par mégarde non plus. Il les lui fallait vivantes, les bestioles. Le pauvre chaton blanc pleurnicha, encore une fois secoué. Ulixes ne s’en inquiéta pas une seconde. Il coinça les deux chatons dans le col de son t-shirt à manches longues au col très échancré. Il les tenait en place contre son torse d’un main pendant qu’il récupérait le chaton blanc dans le carton qui protesta peureux d’être secoué encore. « Shhh » lui fit-il. Puis tout en le changeant de main pour te tenir de la même avec laquelle il tenait les deux autres bestioles en place, il prit le carton vide le tenant à Olivia. « Here. »
Maintenant qu’il avait les chatons, elle pouvait le garder le carton si ça lui chantait.

Ulixes adorait voir l’incompréhension se dessiner sur ce pâle visage. Sa petite ruse avait très bien marché. Il devrait peut-être l’utiliser plus souvent. Il avait les chatons et elle était encore perdue dans ses pensées. Il avait même réussi à lui refiler l’encombrant carton. Tout allait pour le mieux quand soudain, l’électrochoc. Elle balança d’un grand coup ce dernier. Oh mince. Il ne lui aurait fallu que quelques secondes de plus pour quitter les lieux tranquillement avec les trois bestioles sous le bras, enfin dans le t-shirt plutôt, leur tête dépassant sous le cou d’Ulixes. Le troisième en main. Et voilà qu’elle dégainait sa baguette avec une tirade d’avertissement. Ulixes soupira encore. La politesse ce n’était vraiment plus à l’ordre du jour, visiblement.

« D’où est-ce que l’on pointe un sorcier qui ne peut pas se défendre ? Est-ce que je l’ai fait moi ? Non ! Parce que je suis poli. Faites de même, mademoiselle ! » Alors qu’est-ce qui lui prenait, à elle ? Bon, accessoirement il n’avait pas de baguette sur lui pour la menacer de la sorte, sans quoi, il l’aurait probablement sortie pour la convaincre de lui donner les chatons et de s’écarter de son chemin. Faussement outré, il lui avait répondu pour la déconcerter à nouveau. Il n’avait aucun moyen de se défendre, à part sa langue. Il devait donc l’employer à bon escient. Ce qui risquait de pas être facile pour lui. Il n’avait jamais été aussi doué que Calli. Les chatons miaulèrent. « Ouais, je sais, la méchante sorcière veut nous faire du mal. On va partir, vous inquiétez pas. » Ce n’était probablement pas ce que les chatons avaient dit, mais, ça servait ses intentions. Il fit un petit bisous sur la tête d’un des chatons en fixant la jeune femme, juste pour appuyer ses propos et instaurer le doute. Beurk c’est plein de poils, pensa-t-il immédiatement, mais heureusement elle n’avait pas accès à ses pensées. C’était un geste froid, calculé, mais qu’il espérait déconcerterait suffisamment son opposante.
Il tenta de se décaler et avancer, mais elle ne le laissa pas faire.

« Nah, mais vous êtes qui vous ? » La politesse ne faisait pas long feu non plus avec Ulixes. « Ça suffit ! Vous ne savez pas que les journaux ne racontent que des craques ? Je n’ai jamais fait du mal à des chatons. Je ne suis pas un monstre non plus ! » En réalité il s’en foutait royalement de ce que les gens pensaient de lui, et il espérait n’avoir jamais fait de mal à des chatons, mais il ne pouvait pas en être sûr, au fond il avait quand même de gros trous de mémoire sur ses agissement de ces derniers années. Mais il les trouvait au fond mignons ces petites bêtes. Un petit doloris ou deux, ça ne leurs ferait certainement pas beaucoup mal, non ? Il ne pouvait pas s’empêcher de torturer ce qu’il trouvait mignon, mais là n’était pas ni l’endroit ni le moment. Et il valait mieux qu’elle ne le sache pas non plus. Cependant, et malheureusement pour lui, elle savait de source sûre que les journaux ne racontaient pas toujours des craques et que les articles du Chicaneur étaient plutôt juste à son sujet. « Pour ma défense, pour le chat de mes parents, je n’étais pas conscient. » S’il devait se justifier c’est qu’il n’était pas tout à fait l’ange qu’il prétendait être. « Pis il puait de la gueule, était vieux, et déjà mourant toute façon. » Limite, il lui aurait fait un service mais n’osa pas aller jusqu’à cette affirmation. Il sentait qu’il descendait sur une pente très glissante alors il tentant de se rattraper. « Je n’ai jamais fait de mal à des petites boules de poils comme ça. Promis juré. » Sauf qu’il n’était probablement déjà plus crédible du tout.
Il caressa encore une fois la tête d’un des chatons qui s’agitaient pour lui montrer sa bonne foi. Il avait quand même l’air un peu brusque dans ses gestes.

« Alors non, je vais pas les sortir de mon t-shirt, quoi que ce soit que vous vouliez faire petite perverse, ils sont très bien là où ils sont. » Il trouvait quand même que ça commençait à chatouiller un peu. Et soudain l’attaque « En fait la seule chose que vous voulez c’est mater des hommes à poils ! Perverse ! Je vais appeler la brigade si ça continue ! » C’était comment le dicton déjà ? L’attaque était la meilleure défense ? Vu que sa réputation était déjà pourrie, il ne lui restait pas grand-chose à faire à part pourrir celle de la jeune femme qui convoitait pour une excellente raisons les chatons. Il recula donc, comme s’éloignant de cette jolie blonde qui le menaçait. Vu qu’elle ne le laisserait pas passer, il reviendrait sur ses pas pour s’enfuir maintenant qu’il avait trouvé un bon filon pour taper un scandale si besoin. Mais le scandale c’était sa dernière arme, et pas la plus plaisante. Il préférait largement ne pas y avoir recours. Il n’était pas certains que les aurors aient communiqué à la brigade qu’il était censé être libre comme l’air et voulait pas tenter de se faire arrêter. Il ne l’avait dit que comme distraction et voir si l’invocation d’une autorité pouvait faire changer d’avis la jeune femme, sans grande conviction pour autant. Alors, il recula encore de quelques pas, puis se retourna d’un coup et commença à courir, les jambes à son cou. C’était pas évident avec les chatons qui s’effrayaient, gigotaient et miaulaient. « Shhh… shhhh » tentant de les tenir et de les faire taire en même temps qu’il prenait la première à droite. Il se cacha derrière les poubelles, accroupie, caressant machinalement les chatons pour tenter de les garder calmes. Il était certains que la fille allait le poursuivre. Il n’allait pas tenir la distance avec les chatons se dandinant dans son t-shirt, ce qui en passant le faisait courir comme un clown. La seule solution était de se cacher, en espérant que ces bestioles qui lui léchaient les doigts resteraient silencieuses lorsqu’elle passerait.

« Miaou. » Et merde.

« Wow! » -fit-il très naturellement en entendant du bruit derrière lui et la voyant se transformer de chauve-souris en personne à nouveau. Il était sincèrement impressionné. Une admiration qui pouvait paraître déplacée aux yeux de Olivia, mais qui était honnête. Il avait depuis peu l’idée de devenir lui aussi animagus. Il lui aurait bien demandé des tips, si bien évidemment elle n’était pas quelque peu opposé à sa personne presque par définition. Il allait lui exprimer son émerveillement mais elle ne lui laissa pas le loisir d’articuler quoi que ce soit qu’elle lui lança un sort. Mais qu’avaient les gens à le prendre pour cible ?

« NO ! » fit-il surpris et frustré d'être la cible de tout le monde alors qu'il ne portait jamais de baguette sur lui!
« Miaou ! » difficile à dire si les chatons approuvaient ou étaient juste dérangés par le cri d’Ulixes qui sortait du plus profond de son cœur. Très très au fond donc.

Elle semblait être fière de son sort. Elle souriait d’oreille à oreille. Et lui demandait de pas le traiter de perverse… non mais c’était l’hôpital qui se foutait de la charité… avec un sourire pareil… dans une telle situation. Elle s’enfonçait. « Have you seen yourself ? » demanda-t-il levant un sourcil sceptique. Il ignorait évidemment la demande qu’elle venait de répéter au sujet des chatons et continua à expliquer pourquoi elle avait profondément l’air d’une perverse. « First, you threaten to undress me, then you chase me, and finally you cast a spell on me to keep me from moving. I’m pretty sure that you’re breaking many laws… and you definitely act like a molester. » dit-il avec conviction. Et puis les deux chatons dans son t-shirt ne semblaient pas s’en plaindre. Cela devait un lieu être agréable, contre son torse. Mais il n’allait pas aller juste que là de peur de provoquer définitivement trop la jeune femme. Puis, quelque chose qu’elle avait dit frappa son esprit. « Wait, you’ve been writing about me ? Uh! You were stalking me? » fit-il à mi chemin entre une affirmation et une question. Ulixes était doué pour renverser la situation. C’était un aptitude qu’il avait apprise à force d’écouter sa psy. C’était toujours délicat de faire suivre une thérapie à un psychopathe. On ne pouvait lui apprendre l’empathie, par contre, il pouvait apprendre une tonne de moyen de manipuler encore plus efficacement. Et il avait été un élève plus qu’assidue ces deux dernières années. Pour survivre aux interminables sessions où il était censé se livrer en toute intimité, deux mots dont il n’arrivait pourtant pas à saisir le sens ni le comportement, il avait dû parfaire ses habilités à détourner le sujet. Et il avait dû mentir, oh combien, pendant ces deux ans. Toujours à raconter des craques qui plairaient à sa psychomage.

« On the contrary, I’m not breaking any law. You should check your sources; I did NOT escape. No one escapes from Azkaban, anyway. I was discharged from St. Mungo’s. Very legally. With the approval of the staff. I’m cured. » Pas exactement. Mais ça, elle n’avait pas besoin de le savoir. « I don’t hurt cats anymore. » et il caressa la tête des chatons pour le prouver. Pour ce qui était des humains, il ne se prononçait pas. « See ? » caressant toujours un peu brusquement les petites bestioles  « I am a rehabilitated wizard. » dit-il non sans une teinte de fierté dans  sa voix. « Can you undo the spell now? » Puis il rajouta, après mûre réflexion « Please ? » fit-il sur un ton agacé. La politesse n’avait rien d’automatique chez lui, elle avait certainement dû le remarquer depuis un certain moment.  
« Besides, the kittens are not actually for me. I intended to offer them to my parents and siblings. » Après les avoir usé à coup de Vera verto, peut-être. Il lui fit un large sourire pour la rassurer. Un sourire charmeur. Il était guéri et plein de bonne volonté voyons. Fallait croire à son mensonge. « To replace the one I accidentally killed » En appuyant bien sur le caractère accidentel meurtre du minou. Toujours tout sourire, mais c’était légèrement creepy face au visage effronté de la jeune blonde.

Le chaton qu’il tenait en main s’échappa lorsqu'une pensée soudaine lui traversa l’esprit. Ce dernier semblait intrigué par les lacets des bottines de la belle blonde dont un était légèrement défait mais à cause du sort qu’elle lui avait lancé Ulixe ne put le rattraper. « Come here ! The bad girl gonna catch you little one ! Or… the bat girl… you are an animagus, aren’t you? How does it feel? How could I become a bat me too ? Or a dragon, yeah better a dragon.  Or a griffin. Roar » Pas sûr que les griffon rugissaient. Il était émerveillé par sa capacité. Voler ça devait être si amusant. Il adorait déjà le faire sur un balais. Il avait l’air presque normal quand il ne parlait pas de tuer et de chatons. Mais peut-être que l’idée qu’Ulixes soit passionné par les animagus ne contribuait pas à rassurer Olivia.

Après un long silence, alors qu’il tenait toujours deux des chatons dans son t-shirt et qu’un deux commençait à lui faire des léchouilles, il demanda. « What did you write about me ? Do you remember what my sister said about me? There are no newspapers at St Mungo’s, nor at Azkaban. » Il ne savait toujours pas ce que Calli avait pu dire d’horrible sur lui. Elle lui avait assuré que c’était pour protéger sa carrière, et il la croyait, il n’avait aucun souci avec ça. Mais si bien il lui avait dit sur le moment qu’il ne souhaitait pas avoir plus de détails, cela l’intriguait désormais. Pourquoi tout le monde semblait si effrayait de lui pour un simple chat ? Il avait énormément du mal à comprendre ce qui inquiétait autant les autres. Ce n’était pas habituel, ok. Mais tout de même ? Qu’avait-il fait de si horrible à leurs yeux ? Il n’arrivait pas à saisir ça. Il se dit qu’il pourrait peut-être en apprendre plus sur les deux ans qu’il avait oublié. Si elle avait écrit sur lui, peut-être qu’elle avait rapporté dans la presses ses exploits post-85. Mais quelque chose restait claire comme la lumière de l’astre roi dans sa tête. «  I’m not a monster. I’m a death eater. » Au présent évidemment. Impénitent. Son regard inoffensif avait changé, son sourire s’était égaré. Il y avait quelque chose de presque noble dans la façon de s’affirmer, envers et contre tout, alors qu’aujourd’hui cette simple affirmation pourrait lui coûter sa liberté.

Ulixes la regarda en levant les sourcils. Pourquoi ne le faisait-il pas lui-même de relever le sort ? Bah, parce qu’il avait les mains occupées c’était quand même évident non ? Mais il ne dit mot. Il se limita à lui faire comprendre du regard. Bien évidemment, il n’admettrait pas aussi facilement qu’il n’avait pas de baguette sur lui, cela serait clairement dangereux.
Et elle insistait sur les chatons. Nah mais qu’est-ce qu’elle pouvait être têtue cette fille.
« Siblings.» fit-il sifflant le S du pluriel. « You should know I have more than one. And my mother and my father are two people. Therefore, two cats are needed. » -fit-il dans son meilleur accent Received Pronunciation pour se donner l’air irréprochable.
A sa plus grande déception, le chaton semblait apprécier ses mèches blondes. Soudainement, il détourna le regard. Il tenta de prendre une mine agacée. Et pourtant ce n’était pas ce sentiment qu’il tentait de cacher. Une pensée lui traversa l’esprit fugacement, tel un éclair inattendue. Elle avait un « je ne sais quoi », une délicatesse et en même temps une force,  que le chaton mettait en relief. Il sentait dans sa voix quelque chose de profond et de fort qu’elle taisait. Elle ne voulait certainement pas le partager avec lui qu’elle exécrait mais, cela l’intriguait. L’espace d’une seconde, il la trouva belle. Mais casse-couille. Il ne devait surtout pas lui dire, et elle ne devait surtout pas le comprendre, ou dans ce cas, elle le traiterait de pervers à jamais, dans tous ses articles. Les femmes d’aujourd’hui qui n’acceptent même pas les compliments…
« Bitch ! » murmura-t-il pour lui quand elle le traita de rat. Il fut surpris par sa remarque, ses pensées s’étant déjà perdues dans le grandiose et la mégalomanie. Le retour sur terre amené par Olivia était brutal, et Ulixes avait la mauvaise habitude d’avoir l’insulte facile.

« We are close siblings, but, it’s difficult to be close locked in a padded cell. »

Rien n’était plus faux. Depuis la guerre, la fratrie s’était disloquée. Il ne se souvenait désormais guère de ce temps béni où son frère cadet était son bras droit, et où sa sœur était encore parmi eux. Un temps qui semblait tiré d’un songe, plus improbable que ses hallucinations. Un bonheur à jamais révolu. Par contre, il fut surpris par les mots de Calli.

«  Oh, only that ? » Il était sincèrement surpris du peu de mordant qu’avaient les mots rapportés par Olivia. Il avait déjà entendu tellement pire sortir de la bouche de vipère qu’était sa sœur. Et même s’il ne le reconnaît jamais, la plupart du temps il l’avait peut-être bien cherché. Tout est-il que la plus grave insulte lui paraissait douce quand cela venait de la benjamine de la fratrie. Il avait l’amour vache pour ceux avec qui il partageait le même sang, mais cela semblait bien réciproque. Après tout, ils avaient croisé les baguettes récemment. Surtout, il en retenait qu’elle était venu, qu’elle était resté. Les mots n’avaient jamais intéressé Ulixes, il savait bien que Callidora les maniait avec grande maîtrise pour son propre intérêt. Elle le descendrait publiquement, erreur, elle l’avait déjà descendu publiquement, et pas qu’une fois, pour sauver sa carrière. Ils n’en restaient pas moins adelphes. Le publique n’allait jamais s’immiscer dans cette relation si Ulixes acceptait de ne pas tenir compte de ses paroles publiques, justement. Contrairement à sa sœur, il n’avait aucune réputation à tenir.
Ses actes par contre, eux étaient beaucoup plus significatifs.

La jeune femme s’accroupi et le fixa. Ses yeux étaient vifs, d’un vert brillant comme celui des émeraudes. Elle la laissa s’engouffrer dans son regard. « That would be a poor choice. »
Ulixes ne craignait rien, ni personne. Même sans baguette, il lui restait ses poings et les années d’expérience au combat. Sa voix n’avait pas tremblé, il avait simplement exprimé une évidence avec un calme régalien. Il y avait quelque chose de noble dans cette assurance inébranlable. Et pourtant, il n’y avait aucune menace dans sa voix. La simple annonce d’une mort annoncée, celle de celui qui penserait à une vengeance toujours impossible à assouvir malgré sa déchéance. Il restait puissant, en dépit des contraintes que la société des sorciers lui imposait. Ou plutôt à cause de cette puissance. Peut-être il y avait un certain avertissement. Il serait regrettable que la jeune femme ait la tentation de lui tendre une embuscade. Il haussa les épaules. « war leaves scores to be settled. » Cynique, il eut un sourire en coin. La situation l’arrangeait. Cette armistice que le gouvernement avait décrété, il en profitait. Tandis qu’il ne ressentait aucun remord. Nombreux étaient ceux qui le préféraient le voir pendu ou pourrir à Azkaban que libre dans les rues de Londres. Il ne l’ignorait pas. Beaucoup voyaient en lui le coupable idéal. Et pourtant. L’Ordre du Phénix avait été tout aussi mortifère. Sa sœur en avait bien fait les frais. Et c’était un compte qu’il souhaitait bien régler tôt ou tard, si jamais il pouvait retrouver le coupable.
« Harsh words, bat girl. To wish someone dead. Very naughty. Are you sure you are kind enough for these little kittens? You are stubborn. I already told you: No. You attacked me, you free me. And I won’t give you the kittens. One for daddy, one for mummy.» fit-il caressant la tête des deux qui restaient dans son t-shirt. « And one for little sis’ Calli. » fit-il en montrant celui que Oli avait récupéré. «  If I give them to you, you’ll run before you unspell me. I wasn’t born yesterday. I may have a bad reputation, but there is no indication that I can trust you, either. Besides, I don't think it's the duty of a simple journalist to check that I'm not hurting anyone. Then I told you. I am an honest rehabilitated wizard. » Néanmoins, il souriait. Il souriait d’une façon carnassière. Il ne pensait pas un traite mot de ce qu’il disait, mais, le fait est qu’il ne l’avait pas attaqué une seule fois malgré l’attitude agressive d’Olivia. « I offer you a deal. You can keep the one you have if you free me immediately. Better than nothing, doesn’t it? »
Oh, Ulixes avait tout prévu. Il n’avait jamais été aussi doué qu’Hannibaal pour ce qui est des plan tordus, mais il avait pas mal appris en le côtoyant. Ce petit jeu du chat et la souris le stimulait. Il se sentait frétiller. La menace d’Olivia était le plus semblant à l’adrénaline qui lui manquait tellement. La paix c’était très ennuyeux. Et Olivia était devenu une distraction des plus intéressantes. Il savait très bien que la position qui était acceptable pour elle c’était d’obtenir au moins deux des trois chatons. Elle l’avait évoqué. C’était précisément à cette position qu’il voulait arrivé, mais à son tempo. Il voulait lui donner l’impression qu’elle était maître de la négociation. Qu’elle le vainquait. Voilà pourquoi il devait offrir moins que ce qu’il était prêt à céder et moins que ce qu’elle était prête à obtenir. Pour l’amener précisément à formuler l’offre exacte qu’il semblerait accepter après mûre réflexion.
Olivia n’avait pas fait la guerre. Il s’en réjouissait. Elle serait peut-être plus facile à berner ainsi.