Une petite semaine à peine qu'elle avait terminé son enseignement à Poudlard, l'école de sorcellerie, que déjà, Lyssa l'avait rencontré. Après une brève entrevue, avant même de la soumettre à quelconque épreuve, la marque était apposée douloureusement sur son avant bras, signe de la confiance que le Lord accordait à sa famille. On lui avait chanté les louanges de la dernière recrue de la famille. Douée dans le maniement de la magie sans baguette. Versée dans les forces obscures. Et déjà, créatrice de ses propres sorts. Les relations prétendument fausses qu'elle entretenait avec toutes sortes de personnes, censées servir de sources d'information par la suite. Lyssa avait été élevée sur un piédestal avant même son introduction dans le cercle fermé du Lord. Jusqu'à présent, elle ne l'avait pas déçu. Jusqu'à présent, elle avait réussi chaque épreuve. Mais aujourd'hui, les choses sérieuses commencent.

Il y a deux jours qu'elle sait où elle doit se rendre. Deux jours que son père la cajole comme l'élue. Deux jours que sa mère la tourmente dans l'espoir de la faire progresser plus encore. Deux jours que son frère, Caliste, est censé lui enseigner l'art du duel. Deux jours qu'on lui asène nombre de conseils pour qu'elle ne déshonore pas sa lignée toute entière dans une piètre performance. Deux jours que la pression monte. Heureusement pour Lyssa, l'évaluation de ses compétences, aujourd'hui, sera privée. Il n'y aura donc pas de regards extérieurs pour la déstabiliser. Malheureusement pour Lyssa, l'évaluation de ses compétences, aujourd'hui, sera privée. Cela signifie que tous les coups seront permis.

Elle avait enfilé la tenue dans laquelle elle se sentait le plus à l'aise, sans pour autant déroger aux codes tacitement établis par la haute société sorcière. Une longue robe noire, fendue jusqu'à mi-cuisse pour ne pas entraver ses mouvements, sous laquelle on découvre un pantalon de toile épaisse obscure inséré avec précision dans des bottines de cuir sombre élégantes mais stabilisées par quelques enchantements. Pour finir, une cape, noire, à l'évidence, épinglée par une broche aux armoiries de sa famille. Sa chevelure d'ébène est détachée, mais maintenue en place par quelques sortilèges de beauté qui sont bien plus pratiques qu'on ne leur accorde crédit. Elle est prête, Lyssa. Et si elle aimerait disparaitre de sa chambre pour atterrir d'un claquement de doigts à sa destination, elle sait bien que ce n'est pas une éventualité. Ses parents l'attendent en bas. ❝Do your very best, darling.❞ La voix de sa mère, trop sucrée pour être vraiment sincère. Plus menace qu'encouragement. ❝Do not bring disgrace on our name. You're my daughter, don't forget it.❞ Au moins son père n'a pas semblé utile de masquer les siennes de menaces. Une grande inspiration, et elle saisit la poignée de la porte. Comme avant un long départ, il est important parfois de suivre le rituel. Quitter le manoir par la grande porte pour officialiser un événement. Selon Adina, son paternel, si elle succède aujourd'hui, elle sera réellement des leurs. Elle s'était retenue Lyssa de lui cracher qu'elle serait toujours sa fille, qu'il le souhaite ou non, quoiqu'elle fasse, et malgré ce qu'elle pourrait désirer.

Il ne lui faut pas longtemps pour disparaître de leur perron et apparaître sur celui de la maison qui est sa destination. Elle a fait du repérage, Lyssa. Elle est venue la veille, pour être sûre de pouvoir apparaître sans encombres, et la voilà. Trois coups secs et distincts contre le panneau de bois, aussi raide que sa posture, à Lestrange, aussi poli que son allure, à Lyssa. Un battant qui se dérobe pour laisser place à la carrure d'un homme qui n'a pas l'air très accueillant. ❝Hello.❞ Qu'elle prononce d'une petite voix qui ne trahit pourtant pas l'étendue de son malaise. ❝You must be Mister Yaxley, aren't you?❞ C'est une évidence, qu'elle tient pourtant à confirmer, il ne s'agit pas de divulguer des informations à une tierce partie. Et devant un hochement de tête approximatif, elle se présente. ❝I am Lady Lyssa Lestrange, but we can skip common courtesy, and you can call me Lyssa.❞ Une appartenance qu'on peut certainement lire sur ses traits. Brune, aux yeux d'émeraude, un port de tête inculqué depuis toujours, un maintient hors pair, et la broche de corbeau qui retient sa cape, et semble-t-il une assurance qui se rappelle à elle et chasse ses angoisses. ❝You should have been informed of my visit. They sent me, to complete what They called, my education.❞ Le ton appuyé sur le pronom ne laisse aucune place au mystère quand à l'identité de la personne à laquelle il se réfère. Et là, petite Lyssa, discrète Lesath, timide Lestrange, ne laisse rien paraître de sa gène et impose la prestance qu'on lui empreint depuis son plus jeune âge. Aujourd'hui, en cet instant, elle n'a plus vraiment l'air d'une adolescente à peine sortie de l'école, non. Aujourd'hui, en cet instant, se tient devant Yaxley, prête pour l'instruction qui lui est réservée, Lady Lyssa Lestrange of Oxfordshire.

Le Seigneur avait une nouvelle recrue. Une jeune femme, tout droit sortie de Poudlard. Une Lestrange. Cette famille, il ne l’encaissait pas. Leurs airs hautains parce qu’ils étaient nobles. Lady Lyssa Lestrange, c’était le nom de son rendez-vous. Il ne lui ferait pas de cadeaux. La guerre ce n’était pas une place pour les ladies, mais si celles-ci voulaient s’y frotter comme le faisait sa sœur, elles avaient qu’à être à la hauteur. Telle était la ligne de conduite d’Ulixes. Un mort à l’entraînement valait mieux qu’en plein combat, là où l'on comptait sur lui. Un peu spartiate comme mentalité, mais elle avait montrée son efficacité pendant toutes ses années de guerre. La preuve, lui et toute sa fratrie étaient encore bel et bien vivants et servaient toujours le Seigneur.
Sa tâche du jour, il lui avait été confiée personnellement. Cela faisait déjà bon nombre d’années que Lord Voldemort le tenait en grande estime, et qu’il ne recevait d’ordre que si elles provenaient directement de lui. Il lui avait fait rapidement l’explication pertinente. Ulixes était rompu à l’exercice et connaissait les attentes de son Seigneur. Tester la gamine, ni plus, ni moins. Il avait entendu les qualités que sa famille lui prêtait. Il ne l’avait pas encore croisée elle personnellement, mais avait déjà entendu ses parents vanter les capacité de leur benjamine. « Magie sans baguette,  versée dans les forces obscures, créatrice de ses propres sorts… » cela faisait un CV bien rempli pour une si jeune sorcière. Mais au final, tout cela ne valait rien si elle n’était pas capable d’affronter un autre sorcier en duel. Et sur le champ de bataille, la créativité n’était pas toujours payante, les plus vieux sorts, eux, leur utilité était garantie par l’usage de générations et de générations de sorciers.  
« It will be done, Master. » assura Ulixes, lui qui ne vivait que pour complaire son maître. Et le maître appréciait le zèle et la diligence qu’Ulixes employait pour exécuter chacun de ses ordres.

Deux jour s’étaient écoulés. Un temps de préparation accordé à tout aspirant. C’était le matin, il s’était levé relativement tard, sachant qu’il n’avait rien d’autre à faire de la journée qu’attendre la jeune Lestrange. Il en avait profité pour bien se reposer. Il n’était pas inquiet, mais juste au cas où, le récit qu’on lui avait fait de la jeune femme, l’obligeait à se montrer un tantinet prudent. Être au meilleur de sa forme.
Ashely, sa femme, lui avait préparé son petit déjeuné au dormeur. Café, tartines, quelque chose léger. Il lisait le journal, une certaine Lovegood publiait systématiquement des crasses à son sujet. Au fond cela l’intéressait de mesurer sa réputation auprès de ses ennemis. La moitié des choses, il les considérait plutôt inexactes. Les raisons étaient diverses. Une d’elles étaient les rumeurs qu’il rependait volontairement pour détecter les taupes. Ils en avaient trouvé deux ou trois comme ça. Initialement, une idée d’Hannibaal qu’il cultivait toujours. C’était fou comment certains membres de l’ordre assez intelligents pour rejoindre le bon camps pouvaient être si idiots de tomber dans ce genre de piège grossier. Il finissait son article sans y trouver la dernière rumeur à la mode, quand elle s’approcha de lui.

“Darling, this is your last white shirt.” Fit-elle passant une main sur son épaule.
“ I won’t bleed her out.” Ulixes n’avait même pas quitté des yeux l’article qu’il lisait.
“ I don’t mean her blood…” précisa Ashley, appuyant sur le possessif.
“ She won’t touch me, anyway.”
“ I-won’t-buy-you-a-shirt-anyway.”

Les chemises blanches. Le seul sujet de dispute du couple. Le sang, ça ne partait pas. Le nombre de chemises qui finissaient à la poubelle avait augmenté ces derniers temps. Et pourtant, Ulixes aimait se présenter immaculé devant le Seigneur des Ténèbres. Leur couple, était un peu à part dans le monde des serviteurs de Lord Voldemort. Même si Ulixes était sang-pur, Ashley était sang-mêlée, au nom de famille inconnu, à la scolarité médiocre. Beaucoup ne comprenaient même pas comment quelqu’un pouvait supporter Ulixes et certains considéraient même que leur couple était un mystère magique à part entière.
Il finissait son café quand quelqu’un sonna à la porte. Il avala la dernière gorgée d’un coup et se dirigea vers la porte. Il l’ouvrit et vit la jeune femme habillée de noir, aux cheveux d’ébène et aux yeux émeraude. Lestrange.
Quant à lui, imposant et musclé, mâchoire et carrure carrée. Sa chemise, ses manches retroussés, insinuait la force brute de ses bras. Mal rasé aujourd’hui, il n’avait pas jugé utile d’accorder le même soin à son image que l’avait fait Lyssa. Signe qu’il n’allait pas lui faire de cadeaux et qu’il ne la percevait pas vraiment comme capable d’être une menace. Son visage était fermé, sérieux, comme à son habitude. Il n’était pas connu pour être agréable et avenant. Ça c’était Ashley, lui, c’était les yeux qui te fixent et te contrôlent, te percent à jour, le regard menaçant. Personne ne l’avait vraiment entendu rire, sauf peut-être sa femme, gardienne de tous ses secrets. Et même un tendre sourire, c’était le genre l’événement à marquer d’une pierre blanche.
« Hello » se permit la jeune femme. Sa petite voix, bien qu’elle ne trahit pas son malaise, trahit son jeune âge, son inexpérience, elle qui faisait ses premiers pas dans le monde des adultes par des temps difficiles. Ulixes haussa légèrement un sourcil attendant la suite du message. Elle supposa son identité. Il hocha la tête pour confirmer. Il bloquait toujours l’accès à l’intérieur de tout son corps. Il marquait physiquement la limite de son territoire, et l’enfer qui attendait Lyssa. Elle se présenta. Oui, Ulixes avait reconnu tous les traits annonciateurs de sa lignée, tout comme cette agaçante manie de préciser systématiquement leur noblesse de sang. Il plissa très légèrement des yeux quand elle l’autorisa à skipper toute politesse. La jeune femme était loin de comprendre la structuration sociale des mangemorts. Dans l’échelle sociale, elle n’était personne, malgré son titre et les faveurs de sa famille. Lui, et nul autre, allait décider si elle était digne ou pas. Il ne lui ferait pas l’honneur de l’appeler comme elle le souhaite, elle se prenait pour qui ? Elle ne faisait que cumuler les points négatifs jusqu’à présent, partant déjà avec un handicap « Lestrange » aux yeux d’Ulixes. Il était à deux doigts de la renvoyer chez elle. Si elle n’était là que parce que They l’avaient envoyer, il n’était pas sûr que cela valait la peine de la tester. Il lisait dans ces mots la soumission encore propre à l’enfance.
Mais, il perçu aussi autre chose sous cette carapace. Pourtant, malgré les mots qui étaient sortis de sa bouche, elle assumait pleinement cette éducation, son éducation. Il avait l’impression que rien ne pourrait la faire reculer du pas de sa porte. Que cette prestance qu’on lui avait inculqué, elle avait enfin commencer à se l’appropriée. Et ça, c’était suffisant pour décider de lui donner une chance.
Il recula et laissa libre le passage, l’invitant d’un léger geste de la main à entrer. Il ferma la porte derrière elle. L’intérieur était en contraste total avec la personnalité du mangemort. Doux, accueillant, rassurant. La tasse et l’assiette vides étaient encore posées sur le comptoir de la cuisine ouverte sur le salon où il avait déjeuné. Ashley lui faisait coucou de la main tout en remplissant la bouilloire. Une intimité déroutante pour celui qui faisait couler autant de sang sorcier. Il passa devant pour lui montrer le chemin vers le jardin, visible à travers une porte fenêtre du salon. Ashley s’approcha de son mari et l’embrassa.
« Be gentle with her, ok ? » fit-elle souriante
« I’m not here to…» C’était la première fois que Lyssa entendait la voix grave de cet homme. Ashley le coupa, l’embrassa.
« Think about your shirt. » Imposa-t-elle avant de tapoter les bras d’Ulixes pour l’encourager.
Son visage était un poème, mais l’expression « WTF ? » était certainement la plus complète et concise pour évoquer ce qu’il ressentait. C’était fréquent. Il avait juste appris à laisser faire. Un privilège que seule sa femme possédait. Il sorti dans le jardin, espérant être suivi de la mangemort novice. Le jardin était immense comparé à la maison. Au loin, un bois bordait le terrain sans vraiment indiquer de séparation. La propriété s’étendait donc au-delà. Il s’arrêta à une dizaine de mètres de la maison et sorti sa baguette attendant que Lyssa se place en face, parallèlement à la bâtisse. Il se mit en garde sans rien dire. Le soleil commençait tout juste à dépasser les arbres au loin, laissant le jardin au frais, idéal pour un duel en plein mois de juillet.

Ulixes ne laissa pas Lyssa un instant de répit. Dès qu’elle eut pointé sa baguette, à l’instant même qu’elle finissait son mouvement, un expeliarmus exécuté à la vitesse de l’éclair la désarma. Son regard la fixait encore, sa baguette toujours pointée, toujours prêt, toujours potentiellement létal.

« Again. » ordona-t-il impérieusement.

Son regard d'émeraude fixé sur les yeux bruns de son interlocuteur est fixe, pourtant Lyssa inspecte chaque parcelle de son visage. Ses trais loin d'être tirés témoigne d'un homme reposé au meilleur de sa forme. Un contraste évidant avec les cernes dissimulées sous le maquillage de la jeune femme. Après l'avoir informé de la raison de sa visite, Lyssa ne dit plus un mot. Elle attend, droite, digne, ne laisse passer aucun signe d'impatience. La carrure de l'homme qui lui fait face, est assez imposante, et malgré sa proximité elle ne recule pas Lestrange, elle fait front. La barbe naissante d'Ulixes Yaxley aurait été considérée comme un manquement à l'étiquette s'il avait fait face au père Lestrange. Pourtant, Lyssa ne s'y attarde pas. Et sans un mot, la voici invitée à entrer dans la demeure du couple Yaxley. Un pas en arrière, un signe de la main, et voilà la jeune Lestrange qui se laisse entraîner vers l'intérieur. Si elle ne s'attendait pas vraiment à un intérieur aussi accueillant après avoir vu l'extérieur, Lyssa n'en montre rien, et lorsque son hôte ferme la porte, elle se tourne vers la maîtresse des lieux. ❝Missus Yaxley.❞ Sa voix ferme, emprunte de respect. Sa tête brune s'incline délicatement comme un signe de déférence pour la femme qui tolère la présence d'une étrangère dans son foyer.

Finalement, son examinateur lui fait signe de le suivre vers l'arrière de la maison. Lyssa suit, hausse un sourcil mince et délicat à leur échange, mais ne montre rien de plus de son intrigue. Elle n'est pas ici pour se mêler ou se questionner sur les manières des Yaxley dans leur intimité. Elle ne se laisse pas atteindre par les sous-entendus de l'hôtesse. Lyssa connait la réputation d'Ulixes, si elle est impressionnée, elle n'est pas pour autant intimidée. Et rien ne lui enlèvera sa détermination. Alors sans un mot de plus, elle le suit dans le jardin. Après une dizaine de mètres, Yaxley prend place et se met en garde. Sans jamais lui tourner le dos, Lyssa se positionne. Elle laisse tomber sa baguette le long de sa manche gauche, et incarne l'image miroir de l'homme qui lui fait face.

Seulement, Yaxley ne semble pas au fait que la politesse serait d'attendre un instant avant de lancer une offensive, et moins d'une poignée de secondes plus tard, elle est désarmée, Lestrange. Un rictus étire un côté de ses lèvres carmin. Amusement certain. Elle aurait du s'en douter, pourquoi commencer à jouer fairplay, quand ils savent aussi bien l'un que l'autre que tous les coups sont permis. Et sa voix rauque raisonne. ❝Again.❞ Elle ne dit rien Lyssa. Elle se mord la langue, Lestrange. "oh you wanna play..." qu'elle pense, et si ses lèvres ne disent rien, son regard la trahit d'une lueur de défi.

Alors qu'elle ramasse sa baguette et effleure l'herbe verdoyante du bout des doigts, quelques brins hasardeux s'allongent et s'enroulent discrètement, sans un bruit, sans l'effleurer autour d'une des jambes de Yaxley, jusqu'à ce que Lyssa les enserre d'un geste rapide du poignet. Et lorsqu'il finit par baisser le regard pour comprendre ce qui se passe, elle frappe Lyssa. D'un simple repulso qui s'échappe de sa baguette pour le frapper à l'épaule. Rien de bien méchant c'est certain. Et elle sait pertinemment Lyssa qu'elle ne l'aura pas deux fois par surprise, mais lui non plus. Et lorsqu'elle lâchera sa baguette pour la seconde fois, Lyssa ce sera parce qu'elle aura cessé d'en avoir besoin. La voici de nouveau droite et distinguée comme si elle ne venait pas s'enfreindre les règles courtoise d'un duel. Elle fait face à l'examinateur, celui qui la jugera digne de rejoindre les rangs du Seigneur. Celui qui décidera plus ou moins du rang qu'elle occupera.

La politesse. Inutile sur le champ de bataille. Ils n’allaient pas lui faire de cadeau. L’Ordre. Ils n’allaient pas attendre que la petite dégaine, l’Ordre. Ils clamaient être mieux qu’eux, mais ils utilisaient tous les mêmes techniques fourbes. La guerre, c’était sale. Et la petite Lestrange allait bien vite y goûter. Si elle passait le test. Elle aurait dû s’en douter, Lyssa, qu’il ne serait pas fairplay. Il n’était pas là pour mesurer sa capacité comme duelliste, mais sa capacité à survivre, à s’adapter, à apprendre, à surprendre, à être létale. C’était très différent.
Il restait impassible. Ses lèvres à elle s’étirent mais elles restent closes devant son ordre. Son regard parle, lui. Il y voit cette lueur brûler. Il va vite la souffler.
Il ne la quitte pas des yeux, pourtant, il ne remarque rien. Un peu trop sûr de lui. Il la voit ramasser sa baguette, se relever, c’est au moment de voir le geste du poignet que le doute l’effleure mais trop tard. Sa jambe est prise. Il eut le réflexe de regarder vers le bas et c’est là qu’il comprit son erreur. Aussitôt il releva son regard amorçant déjà un sort protego. Il n’attendit pas à entendre l’incantation de la part de son adversaire. Il en était persuadé, elle en profiterait pour l’attaquer. Son repulso s’écrasa au niveau de l’épaule contre son bouclier magique. Cette enfant. Elle n’avait donc rien compris encore. Il ne daigna même pas de se délier. Il y avait quelque chose de bizarre avec ce sort. Il ne l’avait pas vu le lancer, mais pour l’instant, il semblait plutôt inoffensif. Cela le bloquait juste sur place. Il accepta de ne pas prêter attention à ce lien qu’elle avait créé, curieux de voir ce qu’elle ferait ensuite.
Cependant, il était furieux. Elle n’avait pas visé de point vitaux. Il lança plusieurs sort à la suite, sans laisser de répit à la jeune femme. Sortilèges de répulsion, de désarmement, bloque-jambe, maléfice cuisant. Tout y passait. Les rafales étaient rapides, rythmé. Voulait-il tester l’endurance de la jeune fille ? Il établissait une cadence. Attendit qu’elle s’y soit habitué pour la briser. Une, deux, il manqua un battement, avant de lancer un wingardium leviosa, la soulevant subitement et la faisant retomber aussi sec.
Aussitôt, il lança un sortilège impardonnable qu’il choisit délibérément de lancer au sol, aux pieds de Lyssa. C’était une menace. Très claire et très directe. Il ne lui donnerait pas de troisième chance. Soit elle se battait pour de vrai, soit, l’échauffement se finirait par un avada kedavra. La patience n’avait jamais été le fort d’Ulixes.
La leçon qu’il tentait de lui montrait était capitale. Des éclairs verts, elle risquait d’en voir souvent. Elle ne pouvait pas se permettre de les craindre. La guerre, c’était à mort. Ce n’était pas pour faire mumuse avec quatre sorts. Ce n’était pas un duel, la guerre. Il fallait vouloir détruire l’adversaire. L’anéantir. Tout donner. Mettre sa vie sur le fil. Au fond. Il attendait plus d’elle. Il attendait mieux. Plus sauvage, plus létale. Il entrevoyait quelque chose, il voulait qu’elle montre au grand jour. Son potentiel, il voulait le voir. Il voulait qu’elle soit capable de l’abattre. Qu’elle soit capable de survivre. Sa baguette toujours pointé vers elle, il lancerait un autre sort. C’était une évidence. Il l’acculerait, plus violement que précédemment.

Il la regardait droit dans les yeux. Il observait cette flamme qu’il avait aperçue. Il l’observait toujours présente. Virevoltante. Il ne l’avait toujours pas soufflée. Il commençait à douter qu’il puisse. Mais, la volonté ne faisait pas tout. Elle devait se montrer à la hauteur dans d’autres aspects aussi pourqu’Ulixes accède à la retenir comme mangemort.

Ashley sorti dehors, un plateau en main, une carafe pleine de thé glacé et trois verres. Elle s’assit à la petite table posée devant la maison. Elle ne voulait pas rater ce combat qui s’annonçait épique.

Son point gauche toujours serré maintient son emprise sur l'herbe qui s'épaissit peu à peu pour se métamorphoser en lianes toujours fermement enroulées autour de la jambe d'Ulixes. Malheureusement, son repulso échoue lamentablement sur un rapide bouclier bien placé du Yaxley. S'en suit un enchaînement d'éclairs lumineux qui la visent sur tout le corps. Elle les identifie, Lyssa : repulso, expeliarmus, locomotor mortis, flagrante... Enchaînement qu'elle pare aussi habilement qu'elle le peut de sa main droite munie de sa baguette, cette main qui n'est pas sa dominante, celle qui la rend légèrement malhabile. Les doigts de sa main gauche toujours contractés maintiennent leur prise sur sa cuisse paralysée. Son poignet tourne et tourne encore, et les lianes montent jusqu'au bassin de son adversaire pour l'immobiliser un peu plus sérieusement. La cadence, jusqu'alors régulière, des assauts se brise soudainement et Lyssa est frappée par un sortilège de lévitation que sa inapte ne parvient pas à bloquer. Soulevée d'un ou deux mètres dans les airs, Lyssa retombe, un genoux à terre. Son regard soudain courroucé est fixé sur le brun, elle est rapidement sur pieds, prête à toute nouvelle éventualité. Ce à quoi elle ne s'attendait pas, c'est cet éclair vert, reconnaissable entre tous qui s'écrase à ses pieds. Les airs de défi de la jeune femme se transforment alors en stupeur indignée : ❝Really!?❞ qu'elle lâche avant de laisser sa fureur prendre le contrôle, sans un instant se préoccuper de Mrs Yaxley qui s'installe à la petite table de jardin près de la porte de derrière.

Elle lance quelques sorts Lestrange : incendio, bluebell, bombarda, bolter. C'est son tour de lancer une offensive. Néanmoins sa cadence irrégulière ne parvient pas à atteindre sa cible. Parce qu'il est rapide. Parce qu'il est entraîné. Parce qu'elle n'utilise pas la bonne main. Son poing toujours serré évite toutefois à Ulixes d'être trés mobile. Soudain l'avalanche de sorts s'interrompt, et là où se tenait Lyssa, une flamme brûle un instant avant de se consumer et disparaître. Et Lyssa n'est plus là. Quand elle refait son apparition, ce n'est pas dans son champ de vision, mais juste derrière Yaxley, à moins de quelques centimètres de son dos. Sans un bruit. Alors, sa souple baguette d'aubépine est indolemment pointée sur la gorge mal rasée de son entraîneur. Les lianes toujours présentes s'enroulent un peu plus jusqu'à enserrer sa poitrine, puis son cou. Cela ne le ralentira pas beaucoup, elle le sait Lyssa. Mais de sa main gauche délicatement posée sur sa tempe exposée, elle lui fait ressentir la brûlure du fer chauffé à blanc. Une brûlure qui dure sans pour autant laisser la moindre trace sur sa peau. Parce que Lyssa déteste se salir. Parce qu'il est plus facile de dissimuler ses actions quand elles ne laissent pas de traces. Parce que Lestrange sait qu'elle ne doit jamais laisser le moindre indice. C'est le moment qi'elle choisit pour enfin s'exprimer, Lestrange ❝I'm not exactly here to play either, Gorgeous...❞ qu'elle murmure à son oreille, laissant couler ce surnom avant de pouvoir retenir sa langue. ❝but i'm not really in the mood to be dead.❞ Elle dépose un baiser, presque fantomatique sur sa pommette avant de lentement défaire les lianes qui retenaient son corps en place et de reprendre immédiatement sa place de départ, face à lui.

Maintenant qu'elle lui a montré elle aussi, qu'elle était loin d'être une débutante, ils vont certainement pouvoir passer aux choses sérieuses. Elle prend le temps de faire craquer sa nuque, la tête penchée une fois vers la droite, une fois vers la gauche. Et cette fois-ci, lorsqu'elle ne met en garde, elle est prête à toute éventualité. Parce que sa petite réplique insolente et son surnom suggestif vont certainement déplaire à son professeur de duel.

Sa voix avait quitté l’enfance. Il le sentait à la façon appuyée et courroucée qu’elle avait eu de répondre à son éclair vert. Mais elle n’avait pas encore l’assurance et la prestance d’une adulte. Elle se laissa gagner par la fureur. Tout comme Ulixes avait prévu.
Ulixes, retenu par la tailles par l’herbe devenu liane. Il y avait quelque chose d’étrange chez elle, chez cette Lestrange en particulier. Il commençait à se faire une petite idée de ce que c’était. Puissante, la Lestrange lançait des sorts, à une cadence irrégulière, sous le coup de colère. Ses gestes étaient amples, et faciles à lire. Ulixes n’avait aucun mal à contrer ses attaques même s’il ne pouvait pas bouger, anticipant le sort au simple geste de la baguette. Il fit claquer sa langue légèrement. Décidément, Poudlard n’apprenait rien aux sorciers. Cacher, dissimuler, c’était la base pour surprendre l’adversaire. Indispensable à la guerre. Petits gestes, rapides, efficaces, discrets, flexibles et réactifs. Il fallait une douceur et un flegme particuliers pour manier la baguette de façon particulièrement létale. Tout était dans le poignet. Pourtant il se souvenait de l’avoir maintes fois entendus de Mr. Flitwick. Il aurait dû l’écouter bien avant pensait-il désormais, mais il se souvenait parfaitement de tous les conseils qu’il donnait quand il était étudiant. Ils s’étaient avérés presque tous payants.
Ulixes prenait le temps, pendant qu’il contrait ses attaques basiques, d’observer. Son poing gauche attirait son attention. Fermé. Au départ, il pensa à une simple posture, trop concentrée sur sa baguette elle avait inconsciemment fermé le poing, comme cela pouvait lui arrivait dans un combat stressant.
Il revint sur ses yeux. C’était l’incendie dans ses pupilles. Il lui soutenait le regard, ne craignant pas de s’y brûler.
Soudain. L’image disparut. Il voulut avancer, se tourner, se coucher. Se mouvoir d’une quelconque façon. L’expérience lui criait qu’elle était derrière lui. Mais les lianes l’enracinaient dans un coffrage végétal qui s’était avéré plus résistant qu’il n’y paraissait au début. Il s’était bien fait avoir. Pas mal la petite Lestrange. Il sentit l’aubépine sous sa gorge, son torse, son cou, enserrés.
Bon. C’était contrariant. Mais Ulixes ne perdait jamais son sang-froid. Il aurait pu forcer. Se dégager avec difficulté, un bras, un sort. Rien de bien méchant même si la situation était un tantinet désagréable.
Parce qu’elle osait le toucher. Cette inconnue, cette nouvelle recrue, cette moins que rien…..
Il ne cria pas. Non. Mais sur son visage pouvait se lire la douleur extrême. Ses doigts sur sa tempe étaient devenus incandescents. Il céda un instant, mais les lianes retenaient ce corps qui sur l’effet de la surprise avait perdu toutes ses forces l’espace d’une seconde. La surprise disparaît, la douleur reste, mais se fait familière. Elle lui murmure à l’oreille. Il serre les dents. Elle ose l’impensable. Quel culot !

Elle le déligota lentement. Il apprécia. Premièrement parce qu’elle montrait se montrer prudente et garder le contrôle qu’elle avait obtenu. Un bon point. Deuxièmement, elle ne le savait peut-être pas, mais cela lui permettait de reprendre pied tranquillement. La douleur était toujours présente, estompée, résiduelle, diffuse. Il remarqua que cela avait affecté sa vision. Il n’en donna pas signe, mais son œil droit s’était éteint. Cela ne durerait que quelques instants certainement. Mais cela rendait plus difficile l’épreuve. Par contre, Lyssa venait de se gagner un nom et une place parmi les mangemorts.
Ce n’était pas sa capacité exceptionnelle de magie sans baguette, il en était persuadé désormais, ayant senti le contact de ses doigts, l’ayant vu le délier. Non. Ce n’était pas ça qui l’avait décidé. Ni même l’insolence qu’elle s’était permise. C’était la violence de son attaque. Sa précision. Aucune trace, et une douleur insoutenable qu’elle n’avait pas hésité une seconde à infliger. La prudence dont elle avait fait preuve.
Il la laissa se replacer devant lui, ayant surtout besoin de quelques secondes de pause.

Au loin, Ashley observait. Inquiète, à un moment, elle avait suffisamment confiance en son mari pour ne pas intervenir. Mais elle n’avait rien raté de l’audace de la jeune femme. Elle sourit et applaudit enthousiaste. Ulixes lui lança un regard noir et grogna « Ashley ! » elle fit un petit « Oops » comme si de rien n’était. Elle comprit vite qu’il était plus en difficulté qu’il ne voulait le laisser paraître, mais ne montra rien non plus. Une goutte de sueur quitta son front pour parcourir sa joue jusqu’à son cou.

« Fumos ! » Sort oh combien défensif. Ashley haussa un sourcil. C’était presque limite si elle ne l’avait jamais utilisé ce sort. Le mangemort se vit vite entouré de fumée, dense et épaisse qui s’étendait sans cesse. « Bombarda » envoya-t-il aussitôt aux pieds de Lyssa. Évidemment cela servait de distraction, d’occupation, la fumée initialement un peu soufflée, continuait à avancer et l’aura bien vite avalée. Il se déplaça en zigzag pour qu’elle ne puisse pas percevoir ses mouvements.
Lui non plus ne voyait pus rien. Cela ne changeait pas au fait, qu’avec un œil, il était malgré tout désavantagé. Au moins, comme ça, il rétablissait une certaine égalité.
« Serpensortia » murmura-t-il vers le sol. Trois fois, à des endroits différents. Tapis dans l’herbe les serpents avançaient. Ils lui indiqueraient successivement la position de son adversaire, soit en l’attaquant, soit en se faisant détruire par Lyssa. Le bruit l’aiderait à déterminer une position tout au moins approximative.
Il ne se contenta pas que de ça. Toujours la baguette vers le sol, pour éviter que les étincelles des sorts ne le trahissent, il mina le sol de flaques avec aguamenti. Cela pouvait servir à plusieurs propos. Très clairement, dans la fumée, l’entendre marcher dans une flaque lui indiquerait sa position. Mais dans le cas où Lyssa aurait l’excellente idée de dissiper la fumée, il s’en servirait autrement.
Il modulait l’espace à sa convenance, tendant des pièges. Il était calculateur, et montrait une créativité et inventivité certaines. Il déployait plusieurs stratégies, toujours capable d’anticiper le moindre revers. Les plus simples sorts étaient parfois les plus déroutants.
Il profita de la fumée pour se masser le front. C’est qu’il avait encore mal. Il serrait les dents. Mais le contact du bois entre ses doigts le réconforta. Il était prêt à continuer.

De retour à sa place, Lyssa adresse un clin d'oeil à Mrs Yaxley en réponse à ses applaudissements et effectue une courbette humoristique avant de mordiller légèrement sa lèvre inférieure et de reprendre une mine sérieuse. Elle ne doit pas se laisser distraire trop longtemps par leur spectatrice. Son attention doit être focalisée sur Ulixes, son examinateur, qui lui, semble grincer des dents. Un instant, Lyssa s'inquiète d'en avoir peut-être trop fait. Aurait-elle poussé son sort un peu trop loin? La brûlure n'est pas sensée durer plus de quelques secondes si elle ne désire pas d'effets indésirables à long terme... Du moins, c'est la théorie derrière la création de ce sortilège en particulier. Mais son air sérieux la rassure quelque peu. La deuxième manche de leur duel d'évaluation peut commencer.

Soudainement, obéissant à la voix du Yaxley, de la fumée s'élève du sol et obscurcit peu à peu la vue de la sorcière. Une explosion à ses pieds suit le sortilège verbal d'Ulixes, et finalement, la fumée l'englobe elle aussi. Pour ne pas être une cible facile, elle s'avance silencieusement sur le terrain masqué, Lestrange, soulevant la fumée d'un geste de sa main gauche pour voir où elle pose la semelle de ses bottines de cuir. Mais si la fumée se dissipe à son passage, elle reprend presque aussitôt sa place derrière elle, ne laissant aucune indication quand à leurs positions respectives. N'ayant aucune idée du prochain coup de son entraineur, elle décide de patienter tout en parcourant le terrain d'un pas incertain.

Une sombre forme sinueuse surgie de nulle part la surprend. Elle n'avait pas été élevée dans la peur des reptiles, Lestrange. Néanmoins une figure inattendue sur un champ de bataille est toujours quelque chose de déroutant. Retenant son exclamation de surprise, elle inspire profondément, contenant ses émotions, et d'un geste de sa main gauche, elle fait disparaître discrètement le reptile rampant jusqu'à elle. Elle tente de réfléchir à ce que pourrait être le prochain coup du Yaxley, mais n'ayant que peu d'expérience de ses capacités, elle se heurte à un mur de confusion. Elle ne connait pas son style, ne l'a jamais observé se battre et ne connait rien de ses forces et ses faiblesses.

ploc. merde. Elle les dents lorsque le bruit de l'eau la trahit. Elle baisse les yeux vers sa bottine à moitié enfoncée dans une flaque d'eau. Le bruit résonnant dans le silence aura forcément alarmé son adversaire quand à sa position. Alors elle fait un bond de côté, et court dans une autre direction pour éviter une attaque éventuelle. Elle ne doit pas être une cible facile. Jamais. Elle s'accroupit, Lestrange. Pour ne pas être là où on l'attend, debout sur ses deux jambes. Si son père la voyait, avancer à quatre pattes comme une enfant mal élevée... Mais à part lui arracher un rictus satisfait, cette pensée ne sert à rien, et elle la chasse de son esprit. Puis, pour se faire une meilleure idée de leurs emplacements, elle lance un vitae revelio non verbal, et une carte lumineuse affiche ses environs et les être vivants qui s'y trouvent. Elle reconnait la position de Mrs Yaxley près de la maison, deux formes allongées qui avancent dans sa direction, et une silhouette plus proche qu'elle ne le pensait sur sa gauche.

Sa main gauche s'active alors, et Lyssa envoie deux trainées de flammes obscures, aussi sombres que la nuit, aussi brûlantes que l'enfer, en direction des deux créatures rampantes. La magie noire, invoquée sans un mot se répand aux alentours et détruit sur son passage les deux reptiles rodeurs dans un éclat de lumière bleue. Proposant deux positions à attaquer pour Ulixes, sans dévoiler celle de la jeune femme. Et sans attendre, sa prochaine attaque prend place. La fumée est soudain dissipée, accompagnée d'un éclair de lumière aveuglant lancé par Ulixes. Elles est aveuglée par le contraste éblouissant imposé à ses prunelles, Lyssa. Plus tôt avertie de sa position, elle lui envoie un confringo à l'aveugle, dont les flammes folles lui étreignent la jambe. elle enchaîne en lui envoyant quelques sort maladroits de sa baguette sans réellement savoir s'il a bougé ou non, avant d'envoyer de son poing gauche une bourrasque de vent destinée à lui faire perdre l'équilibre.

Elle sourit, Lestrange, suite à cet enchaînement de sortilèges plus ou moins obscurs. Malheureusement, son sourire ne reste pas bien longtemps sur son visage, et l'offensive d'Ulixes ne se fait pas attendre bien longtemps.

Ploc. Ulixes compta. Un seul ? Le bruit de l’eau avait naturellement trahit la position de son adversaire, mais Ulixes n’attaqua pas. Habituellement, sur le champ de combat un éclair vert aurait immédiatement fendu la fumée. Ou un glacius aurait aussitôt figé sa jambe dans de la glace impénétrable. Mais ici, il lui laissait un peu de marge de manœuvre. Néanmoins, il s’attendait à quelques autres sons qui ne venaient pas. Elle avait donc trouvé un moyen de contourner son piège. Maligne, Lyssa. La voilà qui cumulait les bons points. Elle s’adaptait vite. C’était une qualité appréciée par Ulixes. Très appréciée. Si la chance souriait, et c’était parfois le cas, fallait pouvoir en tirer partit. L’adaptabilité était indispensable.

Il s’approcha doucement évitant ses propres flaques, de la source du bruit qu’il avait entendu. Ulixes avait un style de combat bien particulier, l’attaque indiscriminée. Pratiquant les sortilèges impardonnables depuis son plus jeune âge, il était rapide, efficace, fatal. Dès que l’occasion de lancer un sort se présentait c’était avada kedavra, ou doloris, rarement imperio. Comme il avait montré au début du combat, leurs exécution était maîtrisée par le mangemort. Mais, cela aurait fortement déplu au Seigneur des Ténèbres, s’il les utilisait contre Lyssa. Son style de combat devait donc s’adapter. Surtout après la brûlure. La brûlure en soit n’existait pas, juste le souvenir d’une douleur intense. Les effets de cette douleur soudaine, violente, terrassante. Comme un coup porté sur la tempe, le nerf optique réagissait mal en ces cas-là. C’était temporaire, certes, mais handicapant. Surprenant aussi, s’il n’avait pas été aussi aguerrit au combat. Bien évidemment, dans la réalité d’un affrontement, la retraite aurait été la première option choisie par Ulixes. On ne se bats pas blessés, à moins qu’il y ait une raison impérieuse pour le faire. Comme tester la dernière des Lestrange. Et si raison impérieuse il y a, ne donner aucun signe de faiblesse était toujours la meilleure option.

Puis, pour les sorciers de niveau avancé, il y avait la transformation de son handicap en avantage. Il n’y voyait pas. Elle non plus. Elle avait les deux yeux, il l’aveuglerait. Son prochain sort était prêt.

Mais avant cela, deux trainés de flammes. Les serpents avaient fait leur travail. Lyssa pouvait penser qu’il attaquerait une des deux positions. Mais le but d’envoyer plusieurs créatures n’était pas de déterminer une position comme le faisaient les flaques d’eaux, mais des trajectoires, où, à leur confluences, se trouverait la sorcière. Là encore, il n’attaqua pas, un confringo aurait pu rompre le silence. Mais, il attendit. Il voulait finir ce combat au plus vite. L’allonger allait très clairement le mettre en difficulté. Il fallait parfois retenir ses coups pour en porter un plus définitif.
Il attendait, patiemment qu’elle lève la fumée. C’était ce qu’il avait prévu depuis le début. L’échiquier était prêt. Les coups étaient préparés. Le duel allait se décider.
Son bras gauche prêt de son front pour masquer son œil encore valide. Il connaissait la position approximative de sa cible.
Sa baguette pointé. Le mouvement suivit la disparition de la fumée. La voilà. Elle était piégée. « Lumos Maxima » dit-il pour appuyer sa magie qu’il déchaîna de toutes ses forces. Il avait protégé son œil gauche au moment de lancer l’attaque, protégeant sa vision. Mais du coup, n’avait pas pu parer le feu que Lyssa venait de lancer. Peu importe. Peu importe. C’était échec et mat.
Il sauta sur le côté, roula, arrêta les flammes qui commençaient à mordre sa peau, et transplana. Il ne la laissa pas se rendre compte de sa présence. Un expéliarmus muet. La baguette se perdit cette fois-ci dans les buissons. Aussitôt il rangea sa baguette et prit le poignet gauche de Lyssa de sa main droite. Ulixes ne se sentait pas capable de correctement employer sa baguette de sa main non-dominante. Et à cette distance intime, il préférait la brutalité que lui permettait son corps d’homme. Il forçait le poignet de la jeune femme loin de lui vers le ciel, contrôlant ses doigts aussi de sa main bien plus large que la sienne. Peut-être ne se rendait-il pas tout à fait compte de la fermeté avec laquelle il empoignait la jeune novice. Ne se rendait-il pas compte de la violence de son geste. Seul le souvenir de la douleur intense motivait son geste. Sans crainte, mais mesurant parfaitement les dangers qu’auguraient sa sinistre.

« It’s over. You lost. No wand, no hand. I’ve could kill you three times at last. » -dit-il avec un flegme absolu. Il ne faisait évidemment pas état du fait que son pantalon était roussi par les flammes de la jeune sorcière et que son œil droit recouvrait tout juste un semblant de vision floue.

Elle est dans le noir, Lyssa. Et dès cet instant, elle sait qu'elle a perdu. Ses tentatives suivantes sont vouées à l'échec. Elle s'en veut de ne pas avoir prévu l'éventualité d'un tel coup stratégique de la part du Yaxley. C'était pourtant une évidence. Où qu'elle envoie ses sortilèges, rien n'indique le succès, tout indique l'échec. Elle ne recouvre sa vision que trop tard, Lestrange. La voici désarmée. Un expeliarmus lui hôte des doigts le morceau de bois d'aubépine. Et avant qu'elle ne puisse esquisser un autre geste, elle sent la proximité oppressante de la carrure d'Ulixes alors que sa vision s'habitue à nouveau à la lumière ambiante. Mais la large main de son adversaire est déjà autour de son poignet gauche.

Son premier réflexe est d'envoyer sa main droite libérée de sa baguette dans ses côtes. Elle touche sa cible, mais elle semble manquer de force face au gabarit masculin, il réagit à peine. ❝It’s over. You lost. No wand, no hand. I could’ve killed you three times at least.❞ Elle ne répond pas. Il n'y a rien à répondre. Mais elle tente de le faire lâcher, Lyssa. Malheureusement sa poigne se ressert et leurs mains s'élèvent vers le ciel. Son poignet fin se tord, à Lestrange. Ses doigts se déforment sous la poigne de son examinateur. Gémissement de douleur qui s'échappe d'entre ses lèvres rouges. ❝Let go.❞ résonne sa voix grave, comme une menace.

Elle ne supporte pas d'être touchée, Lyssa. Elle est horripilée par les contacts physiques qu'elle n'a pas anticipés. Elle tord son bras dans l'espoir de le faire desserrer son étreinte. Mais il ne la lâche pas pour autant. Elle lui autorise n'importe quel sortilège pour la mettre hors d'état de nuire, pour l'immobiliser, mais le contact de sa peau contre la sienne qui l'entrave de sa liberté, jamais. Et déjà, elle ne répond déjà plus de ses émotions. Elle est frappée par le souvenir des mains paternelles se saisissant de ses membres de pareille manière. Elle se souvient des coups qui s'en suivent, trop violents pour la petite fille larmoyante.

Angoisse noire qui s'insinue dans ses veines pures et obscurcit sa vision à peine retrouvée, la température environnante perd soudain plusieurs degrés. Signe d'une Lyssa qui ne maîtrise pas ses sentiments qui l'habitent. Le thermomètre chute encore. Et leurs souffles produisent des nuées argentées, constellées de petit glaçons opalins. ❝Let... go... of... ME!❞ C'est un cri soudain, qui déchire le silence qui les entoure. L'air autour d'eux se met à trembler, s'affole, au rythme de la panique grandissante qui monte en elle. Le tourbillon prend forme, la soulève. Une véritable tempête, avec en son cœur Lestrange. Les yeux noircis par la magie qui s'empare de son corps. Les joues blanchies par l'effort requis par la soudaine débâcle de ses pouvoirs. La chevelure du corbeau s'éparpille et vole en tous sens. Incarnation vivante de l'emblème familial.

Elle se débat, Lesath. Son poignet tordu par la poigne dure. Et le vent devient plus violent encore, projetant soudainement le corps d'Ulixes sur quelques mètres. La cascade aérienne tourbillonne, et s'abat à nouveau sur l'homme qui la dominait un instant auparavant, brûlante cette fois. Bientôt, ce sont des morceaux de terre qui se soulèvent dans les airs et tournoient autour de la sorcière de noir vêtue. Image terrifiante d'une femme inhumaine, soulevée à quelques centimètres du sol, aveuglée par l'épouvante d'un passé trop présent. Sa voix gronde, et n'a plus rien de l'insolence taquine d'il y a quelques minutes : ❝never put you hands on me again.❞ L'avertissement est clair. Les pierres virevoltantes effectuent encore quelques tours, et soudain, tout s'arrête. L'air se fige. La terre plane.

Puis tout s'effondre. Une à une, les pierres retrouvent violemment leur place contre le sol. La terre s'écroule. Et un instant plus tard, Lyssa s'abat contre la pelouse abîmée. A bout de forces, incapable de bouger, affaiblie par le déferlement de magie. Trop. Trop de puissance. Trop d'un coup. Elle n'aurait pas dû. Elle n'a pas su retenir sa propre magie. Elle sent une présence par dessus son épaule. ❝don't...❞ qu'elle murmure à la personne qui s'est approchée, ignorant s'il s'agit d'Ulixes ou d'Ashley. ❝do not touch me.❞ Même si elle ne pourra pas se débattre, Lestrange. Elle n'est cependant pas prête à sentir une main même amicale contre son corps. ❝give me...❞ halètement d'une respiration saccadée. ❝...a minute.❞ juste une minute... juste une et tout ira mieux. Et quelque part, au fond de sa conscience, quelque chose la taraude. Lyssa a peur d'avoir échoué.

Il serrait, Ulixes. Il serrait parce qu’elle se débattait. Et qu’au fond, il craignait ces doigts frêles, ou du moins la douleur qu’ils avaient déjà infligé. Elle se tordait sous son étreinte. Ulixes était loin de comprendre ce qui se jouait.
Ce n’est que trop tard qu’il saisit l’ampleur des dégâts. La température chute. Brutal passage sous la barre des 0°C. Leur respiration se condense.
Il la lâcha, au son de son cri qui pourfendit l’air gelé. Il aurait voulu la pousser, mettre de la distance entre lui et sa magie. Mais là encore, sa réaction était à contre-temps. Elle s’éleva avant qu’il ne puisse amorcer de geste. Inhumaine.
Trop tard. Le vent l’emporte violemment. Le souffle quelques mètres plus loin comme une vulgaire poupée de chiffon. Il l’emporte encore, l’abat contre le sol à nouveau. Le sang perle de son front.
Mais pas le temps de se remettre de ses émotions. Lyssa, non, ce n’était plus elle. Incontrolée et incontrolable, elle menace. Elle soulève des morceaux entiers de terrain, des pierre, virevoltant. Il sort sa baguette Ulixes, sans savoir exactement comment s’en servir. Un sort offensif est à éviter, cela ne provoquerai que sa colère. Il pourrait toujours se défendre, même si éviter purement et simplement l’attaque imminente serait plus simple. Il se redresse à moitié, prêt à transplaner. Au loin, Ashley a aussi sorti sa baguette, sans savoir mieux que son mari comment agir.
Le temps se fige.
Soudain, le bruit assourdissant de la gravité reprenant ses droits. Cela fait grincer des dents Ulixes qui porte ses mains à ses oreilles. Les bruits intense lui sont insupportable. Le corps de Lyssa git sur la pelouse.
Ashley est la première à réagir. Elle s’approche avec le plaid qui était resté sur les chaises extérieurs.

« Shhhhhh, shhhhh, it’s ok. Don’t worry, sweetheart. I won’t touch you. »

Elle déposa le plaid sur Lyssa, ignorant si elle avait froid, chaud, ou autre sensation désagréable. « It’s just a plaid » Elle faisait glisser les franges sur tissus sur les joues de Lyssa. « It’s just the plaid, not my hand » Ce n’était pas chaud, ce n’était pas tiède comme la peau. Ashley avait l’expérience de ces êtres-là. Ceux qui ne supportent pas le contacte physique. Ulixes n’était pas si différent de Lyssa. Il détestait amoureusement quand elle faisait ça. Bien sûr que c’était sa main qui animait le tissus. Mais, ce n’était pas chaud. « Don’t worry, we have all the time. »

Ulixes s’approchait doucement évaluant la situation. Cela ne lui plaisait pas du tout de savoir Ashley si prêt de Lyssa, mais, elle semblait calme. Il savait qu’elle percevait les choses différemment à lui, et qu’elle agissait selon des raisons qui lui échappaient. Il savait lui faire confiance.
« She’s not ready for the battlefield. » Assena Ulixes sans aucune empathie ou compassion. Deux qualités qui lui manquaient cruellement. Après un tel déferlement d’énergie, Ulixes ne pouvait pas l’autoriser à exposer ses coéquipiers aux dangers de son manque de contrôle. Elle tuerait ses ennemies certes, mais aussi son propre camps, si pas elle au passage.
« Look at your shirt. » La voix d’Ashley, si douce envers Lyssa, était empreinte de réprimande. Il était évidemment sale, la terre soulevé du terrain l’avait noircie, mais ce n’était pas à quoi faisait référence Ashley. Deux petites taches écarlate maculaient le haut de celle-ci. Il toucha son visage. Les goûtes avaient laissé la trace de son passage quand il s’était relevé.
Lyssa pouvait se targuer d’être parmi les rares personnes à avoir fait couleur le sang du Yaxley.
« She’s not ready for the battlefield » répéta Ulixes. C’était une évidence pour lui. Ashley le regarda furieuse. Ce n’était foncièrement pas le moment, ne le comprenait-il pas ? Non, elle savait qu’il en était incapable. Mais ce regard exaspéré servit d’étincelle à Ulixes. Elle était son décodeur, d’une réalité qui lui échappait complètement : les autres. Il comprenait, à force de se tenir à ses côtés, la plupart de ses réactions. C’était par ce biais là qu’il réussissait à moduler son comportement face aux autres. Plus d’une décennie à ses côtés l’avaient aidé à naviguer sans cette réalité. Elle souhaitait de lui qu’il soit plus gentil.
« She’s not completly useless. » Ashley pencha la tête l’air de dire t’es sérieux là ? . Ok, mauvaise réponse.
« She has potential. » Elle roula des yeux. « She needs some training » finit-il par dire acculé. Mais qu’attendait-elle de lui bon sang ?

« We have some iced tea, if you want, Lyssa. Or maybe something hot? Are you ok? Can you stand up? » fit-elle au bout d’un instant ignorant son idiot de mari. Avec une lenteur et une douceur compatissante elle s’aventura à un léger contact pour la soutenir. Celui-ci s’approcha pour l’aider mais se fit clouer sur place par un regard de sa femme. « You have done enough. » Ils s’échangèrent des regards. Ceux d’Ashley étaient si expressif que n’importe qui aurait pu le comprendre sois gentil avec la petite sauf qu’Ulixes ne comprenait pas comment on pouvait être gentil. Désespérée elle formula ce que son mari semblait complètement avoir oublié. « Well, have you decided ? »

« Oh ! » la pièce tomba. « Yes » Ashley insista encore du regard. Visiblement fallait lui tirer les vers du nez. « She's under my responsability. » Fit-il comme si c’était d’une évidence éclatante. Il avait probablement décider cela très tôt dans le duel et le dernier coup d’éclat quelque peu incontrôlé n’avait sensiblement pas affecter sa décision. « She’s not ready for the battlefield, right now, but she will. » Fini par ajouter Ulixes dans sa tentative ratée d’être aimable.

« No one comes out of Hogwarts being able to bring down a death eater. Well done, Lyssa. » Et elle avait fait mieux que simplement lui opposer une résistance farouche. Ulixes comprit par l’exemple de sa femme, le message qu’elle attendait qu’il livre.

« You did good. » Il fit une pause, Ulixes n’était pas habitué à faire des compliments ou à expliquer ses idées. « You didn't just react; you have also built your own attacks. It was what I expected. »

Ashley acquiesça avant de continuer « And good luck sweetheart, you will need it. He’s not exactly easygoing, but you’ll quickly get used to it. He’s not very complicated. And very much alike to you. He doesn’t like to be touched too. Would you like to lunch with us, today? »

Derrière elles, Ulixes grinçait un peu des dents, pudique, il n’aimait pas non plus qu’elle parle de lui, mais au final se pliait bien aux souhaits de sa femme. Pour l’instant, réparer le désastre du jardin était son occupation.